
Éviter ce risque est assurément respectable, mais d'autres
considérations ne sont pas à négliger (pas d’autorisation pour la
voie SC de certains vaccins, tolérance locale souvent moins bonne,
en particulier pour les vaccins utilisant l’aluminium comme
adjuvant, doute de la qualité de l'immunogénicité).
Par ailleurs, le registre européen PedNet a publié en 2018 une étude mettant à mal le principe de précaution ayant fait recommander la voie SC puisqu'elle conclut à l’absence de risque accru d’inhibiteur en cas de nécessité d’injection de facteur au décours immédiat d’une vaccination (administrée majoritairement par voie SC).
A Montpellier ont été présentés les résultats d'une étude
ayant évalué le nombre d’hématomes survenus chez des patients
hémophiles ayant un taux de facteur < 2 % dont les vaccinations
avaient été réalisées en IM avant le diagnostic d'hémophilie. Ont
été pris en compte tous les hémophiles A ou B suivis dans les
CRC-MHC de Bordeaux, Lille, Lyon et Marseille, nés entre le
01/01/2000 et le 01/01/2019 et dont le diagnostic d'hémophilie
avait été porté après l’âge de 2 mois (âge des premières
vaccinations en France). Cela représente une population de 113
patients, âge médian 9 mois (extrêmes 2-74), hémophilie B (n = 15)
et hémophilie A (n = 98). L'hémophilie était modérée chez 16
patients et sévère chez 97. Ces patients ont reçu au total 549
injections IM de vaccins.
Les investigateurs proposent donc de reconsidérer la voie IM pour les vaccinations des hémophiles et avancent que cette voie pourrait être envisagée après échange avec le médecin traitant et en respectant certaines précautions, injections le matin (la surveillance étant plus aisée en journée), utilisation d’aiguilles fines (23 ou 25 G), injection dans une zone facilement compressible et compression prolongée de 10 minutes sans frotter. Leur souhait d'une étude prospective permettant d’évaluer la faisabilité et l'acceptation de ce changement de pratiques sera-t-il exaucé ?
Dr Jean-Claude Lemaire