Plusieurs auteurs se sont intéressés à l'efficacité et/ou la tolérance des vaccinations en cas de maladies auto-immunes (MAI).
S. Pasoto a comparé les effets d'une vaccination antigrippale A/H1N1 sans adjuvant dans une population de 36 cas de syndrome de Sjogren primitif appariés à 36 témoins. Il est apparu dans cette étude que les taux de séroconversion étaient proches (83 vs 72 %) ainsi que le titre géométrique d' anticorps sans modification sous traitement ni avec la durée de la maladie; surtout, le taux d' effets secondaires post vaccinaux a été similaire dans les deux populations et on ne nota aucune modification significative dans le taux des différents auto anticorps, dont les facteurs anti nucléaires et rhumatoïdes, les SSA ou SSB, les anti cardiolipines (1). L. Stojanovich aboutit aux mêmes conclusions d'efficacité, d'immunogénicité et de tolérance lors d'une vaccination antigrippale HA/N1-N2 chez 92 patients d'âge moyen de 56 ans, porteurs de lupus, d' arthrite rhumatoïde ou de syndrome de Sjogren (2).
A l'inverse, plusieurs abstracts du même congrès ont insisté sur de possibles effets secondaires. K. Perdan-Pirkmajer, dans une étude prospective sur 6 mois incluant à la fois des patients atteint de MAI et vaccinés, des patients non vaccinés et des témoins servant de contrôle, signale la possible induction d'auto-anticorps, et notamment d'anti-cardiolipides chez certains malades (3). Y. Zafrir rapporte, quant à lui, une série de 93 patients avec diverses manifestations cliniques après vaccination avec adjuvant contre l'hépatite B; il propose d'inclure ces observations dans le syndrome auto-immunitaire induit par les adjuvants (ASIA) récemment décrit et souligne la nécessité d'une grande prudence avant d'envisager certaines vaccinations en cas de MAI (4).
Il parait donc nécessaire d'être circonspect avant d'envisager une vaccination chez les porteurs de MAI, notamment en poussée bien que l'appréciation du risque/bénéfice soit le plus souvent en faveur de la vaccination.
Dr Pierre Margent