Végétalisme : quels risques et comment les prévenir ?

Le nombre de végétaliens a augmenté de 350 % en 10 ans, y compris dans la population pédiatrique. Comme l’indique le Dr Julie Lemale, ce chiffre souligne l’importance pour les professionnels de santé de connaître les risques de l’alimentation végétalienne et les moyens de les prévenir.

Rappelons qu’il existe plusieurs types de régimes végétariens :

  • Les différentes formes de végétarisme, quand les œufs et/ou produits laitiers sont autorisés.
  • Le végétalisme écarte de l’alimentation tous les produits carnés, laitiers, produits de la mer, œufs, miel.
  • Le véganisme est l’idéologie préconisant un régime végétalien et la lutte contre l'exploitation des animaux (pas de laine, soie, cuir, etc.).
  • L’alimentation macrobiotique correspond à une diète vegan, dans laquelle certains fruits et légumes sont exclus, et composée principalement de grains complets, légumes, algues et produits fermentés à base de soja.

Le régime végétalien expose à des risques de carences nutritionnelles, par défaut d’apports et une moins bonne absorption de certains nutriments. Ces carences dépendent de l’âge du sujet et du degré d’observance du régime.

Les carences protéino-énergétiques

Comme pour tous les enfants, l’allaitement maternel doit être encouragé. Le risque de carences protéino-énergétiques est très important pour les nourrissons qui ne reçoivent que des « boissons » végétales.

Pour les nourrissons ne bénéficiant pas de l’allaitement maternel, les besoins protéino-énergétiques seront couverts par les formules à base d’hydrolysats de protéines de riz, à distinguer des boissons végétales ou jus végétaux, et qui sont souvent supplémentées en lysine, thréonine et tryptophane.

Pour les enfants plus âgés, les études montrent que les apports protéino-énergétiques du régime végétalien sont inférieurs à ceux des omnivores mais restent conformes aux apports recommandés. La consommation de végétaux et de céréales variés permet de combler les besoins en acides aminés essentiels.

Les carences en fer

Rappelons que la biodisponibilité du fer dans les végétaux est 7 fois inférieure à celle du fer des produits carnés : 1 mg de fer absorbé correspond à 130 g de viande de bœuf, mais à 1,3 kg d’épinards cuits ou 2 kg de légumes secs cuits !

Les différentes études concernant le risque de carence martiale et l’anémie chez le jeune végétalien donnent des résultats discordants, avec un taux d’anémie par carence martiale allant de 20 % à 6 %. Pour le Dr J. Lemale, ces discordances viennent d’un biais lié à l’existence d’un polymorphisme génétique de l’hepcidine/ferroprotine présent chez certains enfants, et qui leur permet de mieux absorber le fer végétal, alors que ceux qui n’ont pas ce polymorphisme abandonnent le végétalisme dès que les symptômes d’une carence apparaissent.

L’anémie par carence martiale sera prévenue par des formules infantiles à base de protéines de riz jusqu’à l’âge de 6 ans. Le statut ferrique doit ensuite être contrôlé régulièrement.  Quant aux adolescents, ils doivent consommer des végétaux riches en fer et des fruits riches en vitamine C. Certains modes de préparation des céréales (trempage) améliorent l’absorption du fer. Une supplémentation peut toutefois être nécessaire, guidée par le dosage de la ferritinémie.

Les carences en calcium

Un certain nombre de végétaux contiennent du calcium. Mais sa biodisponibilité est réduite par la présence de phytates et d’oxalate. Ainsi, il sera nécessaire de consommer 450 g de brocolis pour obtenir l’équivalent en calcium d’un yaourt.

Rappelons qu’entre 11 et 17 ans, l’apport recommandé en calcium est de 1700 mg/j. Toutefois, la biodisponibilité du calcium est équivalente à celle du lait de vache dans le tofu ou dans les eaux minérales, qui constitueront donc un mode de prévention des carences calciques.  

Les carences en vitamine D

Les sources alimentaires de vitamine D sont exclusivement animales. En l’absence de supplémentation, les enfants et adolescents végétaliens sont particulièrement exposés à des carences en vitamine D. Des études ont mis en évidence une densité minérale osseuse (DMO) plus basse que chez les adolescents omnivores.

La prévention consiste en une supplémentation (100 000 UI tous les 3 mois) et en la réalisation d’un bilan phosphocalcique tous les 6 à 12 mois et l’évaluation de la DMO au cas par cas.

Les carences en vitamine B12

Elles sont fréquentes chez les enfants végétaliens. La vitamine B12 est absente des végétaux, excepté de certaines algues ou champignons, avec une faible biodisponibilité. Les études montrent que 45 % des nourrissons végétaliens sont carencés en vitamine B 12, et pour les enfants et adolescents le taux varie selon les travaux, de 0 à 33 %.

La carence en vitamine B12 se traduit par de la fatigue, parfois des troubles neurologiques, cognitifs et un ralentissement de la croissance.

La prévention consiste en une supplémentation quotidienne chez le nourrisson, hebdomadaire entre 4 et 10 ans (1000 µg), et bihebdomadaire (2000 µg) ensuite.

Les carences en DHA

Le DHA (acide docosahexaénoique) a prouvé son importance pour le développement cognitif des enfants et des adolescents. Il intervient aussi dans le développement de l’acuité visuelle et pourrait jouer un rôle préventif de la dépression de l’adolescent.

Le seul acide gras de la série des omega-3 présent dans les végétaux est l’acide alpha-linoléique (ALA), que l’on trouve dans les noix, les graines chia, de lin, les huiles de colza, de soja ou de noix.

En revanche, la seule source possible de DHA sont les produits de la mer. Pour les enfants végétaliens, la prévention consiste en la consommation de micro-algues (100 mg/j). Pour les nourrissons, les laits enrichis en DHA sont désormais la norme.

En conclusion, J. Lemale souligne que, si le régime végétalien est déconseillé pour l’enfant et l’adolescent, il représente un risque vital pour les nourrissons de moins de 1 an. La supplémentation en vitamine B12 et en vitamine D doit être systématique, celle en calcium et en DHA quasi-systématique, enfin celle en fer sera menée en fonction de la ferritinémie.

Dr Roseline Péluchon

Références
J. Lemale : Végétalisme : quels risques et comment les prévenir. 23èmes Journées Interactives de Réalités Pédiatriques (JIRP) – Versailles- 24-25 mars

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