Le doppler tissulaire est une méthode échographique qui mesure la vitesse de déplacement des parois myocardiques. En évaluant la somme des mouvements longitudinaux des fibres myocardiques, il est en quelque sorte un doppler pulsé des vélocités des parois cardiaques au niveau de l'anneau mitral. Il mesure deux ondes, E' et A' qui correspondent dans le temps aux ondes E et A mitrales. E' évalue la mobilisation de la paroi cardiaque par le flux passif de sang à l'intérieur du ventricule gauche en diastole. Une diminution de ce mouvement est due à un myocarde encore contracté lors de l'onde E, le rapport E/E' étant par ailleurs le reflet des pressions de remplissage. Enfin, il faut savoir que E' décroît avec l'âge tandis que E/E' est moins sensible à ce facteur. Les paramètres fournis par le Doppler tissulaire seraient ainsi moins dépendants des conditions de charge du ventricule gauche.
Une équipe menée par Rasmus Møgelvang de l’Hôpital Universitaire de Gentofte à Copenhague, a utilisé cette technique pour évaluer la fonction cardiaque de 1036 patients en consultation externe. Il a suivi ensuite ces patients appartenant à la 4th Copenhagen City Study durant 5 ans, en recueillant les données de mortalité totale et cardio-vasculaire en fonction de plusieurs paramètres : vélocité systolique myocardique de pointe, vélocité diastolique précoce et vélocité diastolique tardive au niveau de 6 sites de l’anneau mitral.
Cette analyse très fine a permis de déterminer que cette technique est nettement et significativement prédictive du risque de décès. Cette appréciation a été faite après ajustement en fonction de l’âge, du sexe, de l’IMC, du rythme cardiaque, de la présence d’un diabète, d’une hypertension artérielle ou d’une cardiopathie ischémique, ainsi qu’en fonction d’une anomalie à l’échographie conventionnelle (chez 17 % des patients).
L’échographie tissulaire devrait ainsi, selon Møgelvang, devenir l’examen de prédilection dans toutes les études portant sur l’insuffisance cardiaque, même s’il reste à réaliser une étape importante sur le plan clinique : établir les critères qui permettront de décider d’un changement de thérapeutique pour tenter d’améliorer le pronostic.
Dr Dominique-Jean Bouilliez
