Vers un meilleur repérage des hypomanies

Durant les 10 dernières années, de multiples efforts ont été réalisés afin de proposer des outils valides d’identification des symptômes d’hypomanie chez des patients souffrant d’un épisode dépressif majeur (épisode isolé ou récurrent). Les deux outils les plus largement utilisés sont le MDQ (Mood Disorder Questionnaire) et le HCL-32 (Hypomania Check List) dont le but est de favoriser le repérage de pathologies du spectre des troubles bipolaires chez des patients se présentant initialement comme dépressifs.

Ce repérage précis est en effet fondamental. Tout d’abord, il permet d’améliorer la qualité du diagnostic, de nombreux patients atteints de troubles bipolaires recevant à tort un diagnostic d’unipolarité. Ensuite, la présence de symptômes d’hypomanie dans le passé pourrait être associée à une résistance du syndrome dépressif actuel aux traitements antidépresseurs. L’absence de réponse aux antidépresseurs à court terme serait ainsi significativement plus marquée chez les patients bipolaires que chez les patients unipolaires et un pourcentage significatif de patients unipolaires résistants aux antidépresseurs remplirait en fait les critères diagnostiques d’un trouble bipolaire de type II. Dans l’étude polonaise DEP-BI (conduite chez 880 patients dépressifs traités en ambulatoire), le pourcentage des dépressions résistantes aux antidépresseurs était significativement supérieur chez les patients bipolaires comparativement aux patients unipolaires.

Ceci a été confirmé dans une deuxième étude TRES-DEP (menée chez 1 051 patients déprimés dont 569 résistants au traitement et 482 non résistants au traitement). En utilisant le MDQ et le HCL 32, il a été montré que la fréquence d’un score supérieur à 7 au MDQ ou supérieur à 14 au HCL 32 (donc en faveur d’une bipolarité) était significativement supérieure chez les patients résistants comparativement aux patients non résistants. En pratique clinique, devant un épisode dépressif majeur, il conviendra donc de rechercher systématiquement des symptômes d’hypomanie dans le passé, ce d’autant plus que l’épisode en cours résiste aux antidépresseurs. L’adjonction d’un traitement thymorégulateur sera alors une option thérapeutique de première intention.

Dr Bruno Etain

Référence
Erfurth A : Hypomania and its cross-cultural stability as a diagnosis. 10th International Review of Bipolar Disorders (Budapest) : 12-14 mai 2010.

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