VIH : un risque accru d'insuffisance cardiaque

L'étude HIV HEART démontre qu'une infection par le VIH est significativement et indépendamment associée à un risque plus élevé d'insuffisance cardiaque. Ce risque ne semble pas relié à une maladie cardiaque, athérosclérotique ou autre, pas plus qu'à une prise en charge cardiovasculaire inappropriée du patient. Ce qui pose la question de l'effet du traitement ART lui-même…

Chez les patients VIH+, les maladies cardiovasculaires sont une cause de décès importante après les infections, les cancers et les hépatopathies. Les facteurs de risque sont traditionnels, (tabagisme, toxicomanie, dyslipidémies…) auxquels il faut ajouter le ART et en particulier l'exposition à certains NRTI/NNRTI ou PI qui ont été associés à un infarctus du myocarde (OR = 1,15 dans la cohorte FHDH).

L'étude SMART a identifié l'infection à VIH comme un facteur de risque indépendant d'athérosclérose. Parmi les facteurs facilitants, on recense l'augmentation des cytokines inflammatoires, la dyslipidémie et l'insuffisance rénale. Hormis l'infarctus du myocarde, on dispose de peu de données sur le risque d'autres maladies cardiovasculaires comme l'insuffisance cardiaque et ses facteurs favorisants.

HIV HEART Study

L'étude (1) a inclus entre 2000 et 2016, 38.868 sujets infectés par le VIH appariés à 385.586 sujets contrôles VIH -, sélectionnés dans trois bases de données américaines (KAISER Permanente Northern, Southern California et Mid Atlantic State) regroupant plus de 4 millions de membres, 21 hôpitaux et plus de 230 centres médicaux. Les patients VIH+ sont plus souvent à bas revenus, à faible niveau d'études et sujets à des troubles mentaux (anxiété, dépression) mais ils présentent par contre moins d'antécédents cardiovasculaires et de facteurs de risque que les sujets contrôles.

L'incidence d'insuffisance cardiaque est de 0,24/100 patients-années chez les patients VIH+ contre 0,16/100 patients-années pour les participants VIH – (p < 0,0001). En analyse multivariée, l'infection par le VIH est associée à un risque accru de survenue d'insuffisance cardiaque (OR = 1,5) si l'on considère les caractéristiques démographiques des sujets, les antécédents cardiovasculaires et autres, le type de traitement en cardioprévention, la prise d'antidiabétiques ou d'AINS avec une majoration de 75% du risque. Un ajustement selon la survenue d'un syndrome coronarien aigu ne change pas significativement les conclusions.

Des patients à suivre …

Pour les auteurs, il est manifeste que l'infection par le VIH est indépendamment associée à un risque accru d'insuffisance cardiaque. Ce risque ne découle pas du statut cardiologique du patient, n'est pas lié à une pathologie athéroscléreuse ou à une prévention cardiovasculaire insuffisante. Il justifie un suivi régulier du patient. Il reste à déterminer quels sont les facteurs qui relient l'insuffisance cardiaque et l'infection par le VIH et à définir des stratégies de dépistage et de prise en charge adaptée chez ces patients VIH positifs.

Dr Claude Biéva

Références
1.GO A.S et al.
22nd international AIDS Conference (Amsterdam) : 23-27 juillet 2018.

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