Vincent Lambert : la logique du pire

Paris, le samedi 3 octobre 2015 – Ce mardi, le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne examinait la requête pour excès de pouvoir formé contre le CHU de Reims par François Lambert. Ce dernier estime en effet qu’en refusant d’appliquer la décision adoptée à l’issue de la procédure collégiale de janvier 2014, décision dont la validité a été confirmée par le Conseil d’Etat et la Cour européenne des droits de l’homme, le CHU de Reims a méconnu les droits de son oncle, Vincent Lambert, tétraplégique et plongé dans un état végétatif depuis un accident de la route il y a sept ans. Si le verdict des juges administratifs ne sera connu que le 9 octobre prochain, l’avis du rapporteur public laisse peu de doute sur l’issue de cette nouvelle procédure judiciaire. Il a en effet considéré que la décision d’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert appartenait à l’équipe médicale le prenant actuellement en charge et ne pouvait être imposée par la justice, en dépit des décisions judiciaires citées. Ce nouvel épisode a une nouvelle fois relancé les débats passionnels autour de ce cas particulier et plus généralement sur la question de l’accompagnement de la fin de vie. Pour nous, le professeur Emmanuel Hirsch, spécialiste d’éthique médicale à l’université Paris Sud revient sur les très nombreuses interrogations suscitées par cette affaire et sur ses conséquences délétères.

Par le Pr Emmanuel Hirsch*

Quelle instance autre que judiciaire saura mettre un terme à cette dérive procédurière dont nous sommes témoins depuis le 11 mai 2013 ? Jusqu’où mènera cette litanie d’un désastre humain et politique dont on n’a pas su ou voulu anticiper les conséquences délétères au-delà de circonstances personnelles qui sont devenues une "affaire publique" ?

Comme il le fera à nouveau le 16 janvier 2014, le 11 mai 2013 le Tribunal administratif de Châlons-en-Champagne enjoignait au CHU de Reims la reprise puis le maintien de l’alimentation et l’hydratation de M. Vincent Lambert dans le contexte d’un soin qui, selon ces juges, ne relevait pas d’une obstination déraisonnable. Le 24 juin 2014, le Conseil d’État infirmait ce jugement, et le 5 juin 2015 la Cour européenne des droits de l’homme ne considérait pas cette position contraire à la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Pour autant ces deux juridictions n’étaient pas légitimes à prendre une décision qui relève d’une responsabilité médicale. Aujourd’hui le Tribunal administratif de Châlons-en-Champagne est amené à se prononcer sur le plus récent avatar de ce naufrage médical, institutionnel et éthique : la contestation par un proche de M. Vincent Lambert de la décision prise le 23 juillet dernier par  l’équipe médicale du CHU de Reims d’arrêt de la procédure collégiale qu’elle avait initiée le 15 juillet, et sa saisine du Procureur de la République pour que M. Vincent Lambert bénéficie d’une mesure de protection qui n’avait jamais été envisagée jusqu’alors…

La palinodie d’une équipe médicale confrontée à son échec

En soi ce bref rappel n’évoque pas les péripéties d’une tragédie non seulement pour les personnes les plus directement concernées, mais pour les familles et les soignants soucieux d’un lien d’humanité et d’une sollicitude sans faille à l’égard de ces personnes plus vulnérables que d’autres du fait d’un handicap qui affecte leurs facultés relationnelles, dans certains cas de manière irrévocable. La médiatisation du processus décisionnel soumis aux évaluations et aux critiques exacerbées par une controverse familiale dont aujourd’hui à nouveau d’autres intrigues nous seront révélées, permet, en contrepoint, de découvrir des circonstances qui éclairent des mentalités et des pratiques trop souvent insoupçonnées. Je ne suis pas certain que les responsables de ce chaos soient conscients des profonds préjudices causés par leurs approximations et plus encore par leur incompétence à saisir les enjeux d’une situation qui dégénère au point de ne savoir au juste ce qu’en sera l’issue.

Vincent Lambert ne saurait être assimilé à un mourant

Que les plus hautes instances de la déontologie médicale cautionnent la palinodie d’une équipe médicale confrontée à son échec, qui, de l’obstination à engager une sédation profonde terminale jusqu’à l’impromptu d’un renoncement dans des conditions significatives d’une impréparation inquiétante, ne peut qu’interroger. Que les instances publiques en charge de la santé semblent adapter leurs positionnements en tenant compte notamment de l’aboutissement sans entrave de la proposition de loi créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie, ne peut qu’interroger. Que les instances sollicitées par le Conseil d’État pour leur compétence en éthique demeurent à distance d’un fiasco qui a déjà un impact sur leur capacité ne serait-ce qu’à témoigner des valeurs fortes qu’elles ont pourtant affirmé dans des contributions qui font référence, ne peut qu’inquiéter. Que l’opinion publique ne perçoive plus de ce charivari qu’un appel à plus de radicalité dans l’assistance médicalisée en fin de vie alors qu’il semble évident que M. Vincent Lambert ne saurait être assimilé à un mourant, et du reste qu’aucun élément avéré n’attesterait de l’anticipation de sa décision en semblable circonstances, ne peut qu’interroger. Que l’évocation d’une évolution possible de l’état de santé de M. Vincent Lambert, confirmée par différents avis médicaux ne justifierait pas une nouvelle expertise menée dans des conditions appropriées, ne peut qu’interroger. Que de manière itérative la référence aux positions dites religieuses et "extrémistes" des parents de M. Vincent Lambert soit l’argument de convenance mobilisant sans autre débat ceux qui expriment dès lors une position idéologique réfractaire à tout approfondissement, ne peut qu’interroger. Enfin, que la proposition d’ouverture, je veux dire d’envisager une approche insoumise aux logiques, idéologies et passions qui édictent leurs règles jusqu’à présent, permettant à M. Vincent Lambert d’être accueilli dans un établissement adapté à son état de handicap, ne fusse que de manière transitoire, soit  plus longtemps encore différée, ne peut qu’interroger.

Des conséquences quotidiennes dans les hôpitaux

Qu’attend-on de plus, voire de trop ? N’est-on pas allé assez loin dans l’absurde, la déraison, l’impuissance à étayer et à assumer une décision juste, éthiquement recevable, respectueuse de M. Vincent Lambert ? Espère-t-on un pire, un degré supplémentaire dans l’inacceptable et l’indécence ? Sait-on que désormais dans les structures spécialisées qui accompagnent dans leur projet d’existence des personnes handicapées comme l’est M. Vincent Lambert, des familles confient avec émotion aux équipes : «  Ne le laissez pas tomber ; prenez soin de lui : ce n’est pas Vincent Lambert ! » Sait-on que dans certains services hospitaliers la réflexion évolue sur la justification qu’il y aurait à entreprendre une réanimation « pour faire un Vincent Lambert… » ? Les positions exprimées ces derniers mois relèvent plutôt d’une obsession de la précaution visant à éviter coûte que coûte de « se retrouver comme Vincent Lambert », lorsque ce ne sont pas les arguments d’ordre économique qui sont avancés pour contester un financement qui n’aurait ni sens, ni utilité… Doit-on assister passifs à une déferlante qui sert peut-être certaines causes inavouables, voire des revendications en demande d’une avancée plus déterminante encore de la législation relative aux conditions de fin de vie (elle fera l’objet d’une seconde lecture à l’Assemblée nationale les 5 et 6 octobre prochains) ? Quelle autorité politique saura dire explicitement que nos valeurs méritent mieux que ces circonstances dégradantes ?

Les atermoiements ne sont plus possibles. Sept années après son accident de la circulation M. Vincent Lambert est un symbole fort de ce que la vie nous apprend de ses déroutes mais aussi de ses ressources insoupçonnées ;  il ne saurait être l’exutoire de nos inconséquences, de nos renoncements à comprendre où se situent nos responsabilités de démocrates. Notre souci à l’égard des valeurs de justice et de fraternité ne saurait se satisfaire plus longtemps d’un attentisme qui, de procédures en procédures, entame jusqu’à l’idée du vivre ensemble.

*Professeur d’éthique médicale, université Paris Sud

Les intertitres sont de la rédaction du JIM. 

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Vos réactions (28)

  • Pourquoi la jeune épouse n'a pas eu la primauté ?

    Le 03 octobre 2015

    On voit bien dans les multiples interrogations du Professeur Emmanuel Hirsch la logique de l'idéologie de la Fondation Lejeune.
    Je lui poserai une question supplémentaire : pourquoi la jeune épouse qui a tout fait pour le sortir de la mort n'a pas eu la primauté dans la décision avec l'équipe médicale ?
    La mère de Vincent a pris toute la place: curieux pour quelqu'un qui défend le mariage chrétien mais peut-être expliqué par son parcours plus que particulier et surtout son instrumentalisation par des franges idéologiques qui sont loin d'être pures et ont une grande puissance financière.

    Ce drame va conduire de nombreuses personnes à demander des directives anticipées opposables. De nombreuse équipes médicales vont se trouver dans des situations impossibles.

    Lisez le livre du Dr Kariger : "Ma vérité sur l'affaire Vincent Lambert " vous en saurez bien plus et de façon plus posée et plus claire.

    Dr B.0., Médecin catholique engagée dans son Eglise mais sachant que la médecine doit à un moment accepter qu'elle ne peut tout et laisser mourir.

  • Et la personne principalement concernée ?

    Le 03 octobre 2015

    Je lis ce message comme un verbiage qui oublie Vincent Lambert et ses conditions de vie, ou plutôt de survie. Conditions que je n’accepterais pas pour ma propre personne et pour mes proches. J'en retire qu'il faut que chacun pense à donner par écrit sa position et surtout son opposition à une survie artificielle c'est à dire son adhésion à une mort naturelle, quand il n'y a pas d'espoir que les soins apportent une conscience renouvelée et une autonomie physique, de manière anticipée au cas où...ne pas devenir "un corps sous perfusion " pendant des années est ma représentation d'une vie digne.

    Simone Milesi

  • Je n'ai pas compris

    Le 03 octobre 2015

    J'ai relu 2 fois l'article...J'ai lu atterrée que cette affaire bouleverse le quotidien des équipes médicales et des familles...mais quelle est la conclusion du Pr Hirsch ?
    Sédation profonde et arrêt de l'alimentation et de l'hydratation pour M Lambert, ou accueil dans une structure spécialisée, jusqu'à à la fin de ses jours ?
    Un ami de mes parents y a survécu 27 ans ...

    Madeleine Perier

  • Et pourquoi pas la primauté à la mère ?

    Le 03 octobre 2015

    Pourquoi une mère qui a donné, ou transmis, la vie à son fils, ne serait elle pas légitime à s'opposer à ce qu'on la lui reprenne ?

    Dr Pascal Martelet

  • Opaque

    Le 03 octobre 2015

    Les propos du Pr Hirsch sont totalement opaques, malgré des relectures attentives.
    Et pourtant, ce qui se conçoit bien, s'énonce clairement.
    La seule véritable question dans ce mauvais feuilleton judiciaire est: pendant combien de temps encore les décisions des plus hautes instances juridiques françaises et européennes pourront-elles être piétinées?

    Dr Jean-Luc Rigon

  • Manque de clarté

    Le 04 octobre 2015

    J'ai lu l'article du Pr Hirsch et le trouve totalement incompréhensible.
    Je suis incapable de comprendre quelle est sa conclusion
    On souhaiterait vraiment davantage de clarté de la part d'un universitaire.
    Dr Michel Malinsky

  • "Surtout ne pas faire comme la famille de Vincent Lambert"

    Le 04 octobre 2015

    Monsieur le Professeur,
    Avec tout le respect que je vous dois, je vous demande de bien vouloir réécrire votre article de sorte qu'il devienne compréhensible par un praticien de base.

    Il est parfaitement exact que la comparaison de nos proches avec Vincent Lambert est régulièrement pratiquée. Mais c'est aussi pour dire l'importance de la cohésion de la famille et des services de soins : "surtout ne pas faire comme la famille de Vincent Lambert".
    Cet homme est en fait devenu un otage, et instrumentalisé.

    J'attendais de votre article des outils pour aider chacun à raisonner, et et des outils pour échapper à la tentation de se projeter (je n'en veux pas pour moi, et donc ce n'est pas bon pour les autres).

    D'autre part, le mariage catholique donne en principe la primauté de décision à l'époux(se) au détriment des parents : "l'homme quitte son père et sa mère". Il y a donc eu ici, au nom des principes catholiques de protection absolue de la vie, une transgression du sacrement de mariage catholique par une mère catholique, avec une magnifique instrumentalisation. Ainsi le référent naturel a-t-il disparu.

    Enfin je m'interroge à chaque fois dans cette affaire au sujet des enfants de Vincent Lambert: qui pense à eux, et à la façon dont ils peuvent se construire au milieu de ce tourbillon? Clairement ce n'est pas à leur maman que je jette la pierre.

    E Latour-de Mareüil, sage-femme (Paris)
    Catholique, et confrontée pendant plusieurs mois à une décision d'arrêt de soins pour un proche.

  • Charabia

    Le 04 octobre 2015

    Comme l'écrivent d'autres, texte incompréhensible, phrases tordues, grandiloquentes ...Les conclusions verbeuses de ce "Professeur d'Ethique" veulent-elles éviter de répondre aux questionnements réels tels que : Vincent Lambert a-t-il droit à une fin digne ou pas ? La mère a-t-elle le droit d'utiliser son fils à des fins financières ou pas ? Etc...

    Dr André Coget



  • Claire

    Le 04 octobre 2015

    Les problèmes d'éthique sont très bien posés, et tout à fait compréhensibles. Pourquoi voulez vous, systématiquement que l'on vous dicte une conclusion ?
    Merci, Monsieur Hirsch, pour votre excellent article.
    Dr Catherine Fernstrom

  • Pas sa place dans le JIM

    Le 04 octobre 2015

    Cet article tout en interrogations lénifiantes mais idéologiquement connotées, qui se permet d'insinuer des jugements en droit comme "n'est pas avéré" alors que le Conseil d'Etat a estimé le contraire, n'a rien à faire dans le JIM. J'espère que l'épouse de Vincent Lambert n'en prendra pas connaissance, car laisser croire qu'elle n'a jamais envisagé d'hospitaliser Vincent Lambert dans un établissement genre paradisiaque décrit par l'auteur et qui n'existe que dans sa propre idéologie, est culpabilisant et outrageant pour l'épouse mais aussi pour les collègues hospitaliers.

    Dr Brigitte Geffroy

  • Incompréhensible

    Le 04 octobre 2015

    Où veut en venir le professeur Hirsh ?

    Dr Albert Kujas

  • Incapable d'appliquer les décisions de justice

    Le 04 octobre 2015

    Vu de l'étranger, je constate que la France est incapable d'appliquer les décisions de justice prises par ses plus hautes institutions, corroborées même par les institutions de justice européennes au plus haut niveau.
    Pauvre Vincent Lambert, malheureux enfants et conjointe, puisque les volontés du (pas encore) défunt ne peuvent être appliquées par suite de l'opposition d'une mère toute puissante et qui n'abandonnerait pas d'éventuels et contestables droits pour faire preuve d'un peu de charité (chrétienne ?).
    Et si on la condamnait à vivre quelques mois dans les mêmes conditions (de vie ?) que son fils, n'aurait elle pas un autre avis? Et le père de Vincent Lambert n'a t-il rien à dire lui?

    Voilà de quoi saborder les liens de confiance qui doivent exister entre médecins et patients: je vais donc rédiger au plus tôt un texte reprenant mes volontés expresses et le porter à mon notaire,en stipulant que je suis bien le seul à pouvoir exprimer un avis contraire si j'étais dans la situation, et que si j'en étais incapable, elles devraient être appliquées à la lettre.

    Je forme des voeux pour le repos de Vincent Lambert.

    Jim B. médecin spécialiste et psychothérapeute (68 ans)

  • Aucune des Cours n'a pris d'ordonnance d'arrêt des soins

    Le 04 octobre 2015

    Pour mémoire aucune des cours de justice sollicitées dans cette affaire n'ont rendu de jugement prescrivant l'arrêt des soins :
    - " La Cour (CEDH) a estimé, "par 12 voix contre 5, qu'il n'y aurait pas violation de l'article 2 (de la Convention européenne des droits de l'Homme, régissant le droit à la vie) en cas de mise en œuvre de la décision du conseil d'État autorisant l'arrêt des soins", selon son président Dean Spielmann".
    - le Conseil d'Etat ayant dit uniquement que l'arrêt de l'alimentation et de l'hydratation n'était pas illégale; tout cela en cas de mise en oeuvre;
    Aucune des grandes Cour n'a donc pris in fine d'ordonnance d'arrêt des soins.

    Dr Michel Pierrot

  • Parler français

    Le 04 octobre 2015

    Ce qui se conçoit aisément s'énonce clairement... Le professeur n'a donc pas conçu aisément sa pensée, ou bien ne parle pas français, peut-être les deux. Son charabia est incomprehensible.

    Dr Alain Fourmaintraux

  • Un engagement dissimulé

    Le 04 octobre 2015

    J'ai trouvé l'article peu clair, chacun des acteurs de ce drame étant selon le Pr Hirsch suspect d'ignorance voire d'incompétence. La vérité de l'auteur apparait cependant rapidement : il est hostile y compris à l'évolution législative portée par la PPL Claeys - Léonetti. Autant le dire simplement, nous nous éviterions des postures. Je suis moi favorable à l'aide active à mourir même si j'entends les avancées du texte.

    Gérard Sebaoun
    Député et médecin

  • Pourquoi touner au tour du pot, Professeur ?

    Le 04 octobre 2015

    Merci aux commentateurs qui ont avoué (au minimum) leur perplexité devant la façon de tourner autour du pot idéologique adoptée par le professeur Hirsch.
    J'avais cru un instant que mes capacités intellectuelles étaient en jeu...
    Professeur, dans cet article, vous ne faites que rajouter au problème une couche d'atermoiements, de dissimulation voire d'hypocrisie.
    Il faut avoir le courage de ses opinions et les exprimer clairement, ce qui ne veut pas dire faire fi des nuances. Mais là... il en a fallu des circonvolutions pour ne pas voir ni dire les choses comme elles sont.

    MB

  • Est ce du morse ?

    Le 05 octobre 2015

    Je relis cet article et n'y comprend goutte.
    Il en ressort que la justice n'y arrive pas, et que notre professeur d'éthique s'indigne, mais ne nous propose rien d'autre que la culpabilisation.
    J'en conclus que ce sont les équipes médicales qui sont compétentes. Malheureusement ici la famille dysfonctionne et fait obstacle .
    Dans ce fiasco, je pense qu'il est licite enfin de s'interroger sur le coût que représente cette prise en charge. Le point de vue "utilitariste "de l 'éthique existe lui aussi , il est prédominant en Grande Bretagne par exemple, et les Anglais ne me semblent pas être des barbares. Oui, on peut considérer que cette prise en charge est choquante humainement et économiquement.
    Comme on a le droit de s'interroger sur le coût humain et économique des chimiothérapies dites compassionnelles.
    Ce que l'on attendrait de notre professeur d 'éthique, c'est qu'il s'attelle à ce sujet, au lieu de s'en offusquer.

    Dr Sophie Chodez

  • Examen de conscience

    Le 05 octobre 2015

    Je suis vraiment désolée de voir l'article complètement abscons venant de quelqu'un qu'on considère comme une spécialiste d'éthique. J'ai envie de lui demander : en quoi cet article nous aide à discerner dans cette affaire complexe? Cet article plein de fiel n'apporte rien et plus grave, laisse à penser, pour le commun des mortels, que les médecins décident toujours en dernier ressort avec arbitraire ou sagesse!
    J'espère que l'auteur devant les réactions suscitées par sa prose, fera un examen de conscience pour cerner ce qui le motivait vraiment en écrivant un tel article!

    Isabelle Laurenti

  • Le droit de vie ou de mort

    Le 05 octobre 2015

    Les progrès de la science comportent encore pas mal de revers.
    C'est un débat représentatif à la fois de la toute puissance d'agir et de l'impuissance ensuite d'assumer les conséquences des pratiques médicales de notre temps : "Parce que je sais faire, alors je dois faire". Ah cette obligation de moyens ! Ce débat n'existe que parce qu'il est possible à la médecine de maintenir des corps "en vie". Pour quelle vie s'interroge l'éthique ? Non dans cette article, c'est plutôt "Pour quelle victoire ?" On en a perdu le nord.
    Et l'on reproche aux membres de la famille déchirés par ce miracle médical de ne plus savoir quoi espérer... Qu'ils veulent à tout prix le maintenir dans ce monde où qu'ils choisissent d'en faire simplement leur deuil avec un arrêt de cet artifice de vie, qui sait vraiment ce qui est bon pour Vincent Lambert ?

    La loi ne peux faire avancer quoi que soit et comme le prédisent avec raison certains, cela ne fera que de donner naissance à de nouveaux hydres dont une tête repossera à chaque fois que l'on cherchera à le décapiter pour le faire disparaître.

    Et si l'on s'attaquait plutôt à cette "Obligation de moyens" imposée aux médecins quel qu'en soient les conséquences et qui fabrique tous les jours des "Vincent Lambert" ? Ce questionnement peut paraître radical, mais comment se pose alors la question ? Surement pas en "qui a raison ?" dans cette histoire aux portes de l'humanité verrouillées par la loi.

    La loi ne peux faire avancer quoi que soit et comme le prédisent avec raison certains, cela ne fera que de donner naissance à de nouveaux hydres dont une tête repossera à chaque fois que l'on cherchera à le décapiter pour le faire disparaître.

    Et si l'on s'attaquait plutôt à cette "Obligation de moyens" imposée aux médecins quel qu'en soient les conséquences et qui fabrique tous les jours des "Vincent Lambert" ? Ce questionnement peut paraître radical, mais comment se pose alors la question ? Surement pas en "qui a raison ?" dans cette histoire aux portes de l'humanité verrouillées par la loi.

    Charlaine Durand

  • Capacités de reflexion

    Le 05 octobre 2015

    Une lecture attentive m'a permis de comprendre les propos de Monsieur Hirsch. Seulement elle demande du temps car les capacités, les soignants que nous sommes, sont censés les posséder. L'écoute du patient aussi demande du temps et ceux-ci se plaignent de n'être plus écoutés exposant le naufrage de la médecine. Le diagnostic médical par ordinateur va pouvoir remplacer le médecin.
    L'éthique a également son langage qui amène à la réflexion.
    Que nous disent les patients qui sortent d'un coma prolongé ou dépassé? Ont-ils effectué le choix de ne pas mourir? Ils évoquent rarement spontanément le sujet au risque d'être considéré fou. Les questionner s'avère passionnant. Il existe des centres de recherche en France qui y sont consacrés. Existe t-il une force de vie supérieure à la mort en dehors de toute considération religieuse sinon mourir consiste à rejoindre le paradis ?
    Que d'agressivité dans certains commentaires si dessus et de mépris pour notre confrère, témoignant d'autres enjeux. Recentrons le débat pour être justes.
    Dr B. Bastien-Flamain, Psychiatre expert près la cour d'appel

  • Les bonnes questions

    Le 05 octobre 2015

    N'en déplaise à un bon nombre de commentateurs qui disent n'avoir rien compris ou qui sont incapables de raisonner autrement que de manière binaire, merci au Pr Emmanuel Hirsch de poser les bonnes questions.
    Comme le dit justement le Dr Catherine Fernstrom, les problèmes d'éthique sont très bien posés, ou comme le dit aussi le Dr B. Bastien-Flamain, l'éthique a également son langage qui amène à la réflexion.
    Dommage que bon nombre de confrères soient passés à côté des vraies questions par idéologie ou par simplisme...

    Dr Michel de Guibert

  • Que l'auteur clarifie son point de vue

    Le 05 octobre 2015

    Après avoir lu l'ensemble du sujet ici traité c.a.d la position du Pr HIRSCH puis les 20 réactions publiées, je dis qu'il est nécessaire que l'auteur prenne à nouveau la plume en s'efforçant de clarifier son point de vue.On devine le fond de sa pensée(avec laquelle je ne suis pas d'accord) mais la forme doit être limpide;on en est très loin.
    Que chacun de nous médecins suggère aux patients adultes de penser à rédiger des directives anticipées pour eux mêmes et à en parler avec leurs proches.

    Dr Xavier Baizeau

  • Ethique pathétique

    Le 07 octobre 2015

    La seule ultime raison qui a justifié de faire exploser des bombes atomiques sur le Japon, c'est que la science le rendait possible, malgré toutes les incertitudes sur les conséquences (la suite nous en a démontré l'horreur).
    L'homme est donc fondamentalement un apprenti sorcier, aucun scrupule ne pourra jamais l'arrêter.
    Les avancées des "techniques" de réanimation ont rendu possible ce phénomène des "morts-vivants", ce vin est tiré, il faudra le boire jusqu'à la lie, diamétralement à l'opposé de la loi de la nature qui aurait depuis longtemps tranché.
    Science sans conscience mène au chaos, nous y sommes rendus.
    La loi ne nous sera d'aucun secours, pas plus que l'amour maternel, filial ou du conjoint, et encore moins la religion.

    Ma conclusion : seule la Médecine a permis ce drame, c'est à la Médecine seule de faire son introspection puis de trancher. Qu'importent les jugements des ignorants, et, in fine, si l'enfer c'est les autres, nous serons toujours seuls pour assumer ce fardeau.

    Dr Jean-Charles Joffroy

  • Paraphrase

    Le 07 octobre 2015

    Pour paraphraser Clémenceau, la médecine est une chose trop grave pour la confier aux seuls médecins, l'Etat et la société civile ont tout autant droit à la parole que les médecins dans ces domaines éthiques.

    FL

  • Logomachie

    Le 08 octobre 2015

    La rédaction de ce texte le rend difficilement intelligible.

    Anne Santagostini

  • On comprends ses propos mais..

    Le 10 octobre 2015

    Dr Catherine Fernstrom, mais si ce professeur dicte une conclusion et edicte seulement son propre point de vue. Je cite :"alors qu’il semble évident que M. Vincent Lambert ne saurait être assimilé à un mourant, et du reste qu’aucun élément avéré n’attesterait de l’anticipation de sa décision en semblable circonstances, ne peut qu’interroger. Que l’évocation d’une évolution possible de l’état de santé de M. Vincent Lambert, confirmée par différents avis médicaux ne justifierait pas une nouvelle expertise menée dans des conditions appropriées, ne peut qu’interroger. "..."Enfin, que la proposition d’ouverture, je veux dire d’envisager une approche insoumise aux logiques, idéologies et passions qui édictent leurs règles jusqu’à présent, permettant à M. Vincent Lambert d’être accueilli dans un établissement adapté à son état de handicap, ne fusse que de manière transitoire, soit plus longtemps encore différée, ne peut qu’interroger." Si je sais lire il affirme : "Vincent Lambert n'est pas un mourant ""il y a un espoir de progression de sa santé (il parle même de ressources insoupçonnées") et "il devrait être accueilli dans un établissement spécialisé pour handicapés similaires" .Personnellement je récuse ces affirmations: Vincent Lambert a un corps (sans conscience suffisante) en survie artificiellement est-ce cela "ne pas être un mourant naturel ?" les espoirs d'amélioration vu l'état de son cerveau sont issues de l'imagination de qui ? Quant à l’accueil dans un établissement pour y rester dans le même état des dizaines d'années durant c'est pour moi une façon de se débarrasser du problème : on le met, comme une chose, aux oubliettes.. et peu importe la question éthique de fond :vaut il mieux qu'il reste dans cet état ou qu'on le laisse mourir, est-ce cela "vivre "? ..donc il ne pose pas seulement des questions éthiques: il donne ses propres réponses sur le cas particulier au lieu de se tenir à poser le débat des limites...

    Simone Milesi

  • Alors on fait quoi ?

    Le 11 octobre 2015

    La proposition du Pr Emmanuel Hirsch, si j'ai bien compris, est de considérer que M. Lambert n'est pas mourant et de le placer dans un établissement adapté à son état de handicap. Dans l'espoir, ou le rationnel, de voir son état s'améliorer, comprend-on également à demi-mots.
    Un professeur d’éthique médicale ne devrait-il pas également nous donner à réfléchir sur les conséquences éthiques de sa position ? Si on le place dans un établissement en continuant les soins, à quel âge permettra-t-on à M. Lambert d'avoir sa mort : quand elle viendra malgré les soins ? Mais, dans ce cas, n'est-il pas logique d'adapter les soins et de les intensifier, éventuellement de façon préventive, pour tenir compte du vieillissement de ce patient et des pathologies qui peuvent survenir ? S'il fait un infarctus à 60 ans devra-t-on le traiter de façon lourde ? Et s'il développe un cancer ? Ne faudra-t-il pas se battre avec tous les moyens de la science, puisque ce patient peut trouver des "ressources insoupçonnées" ? Sinon, est-ce que la proposition du Pr Hirsch ne revient pas tout simplement à priver M. Lambert de soins… plus tard… quand un événement nous confrontera aux mêmes questions…
    Je partage l'avis donné dans un des commentaires : la proposition du Pr Hirsch, ressemble à une oubliette.

    Dr Philippe Mayran

  • Freud et la Cigüe de Socrate

    Le 13 octobre 2015

    Si l'on refuse d'édulcorer le "cas " de Vincent Lambert, il s'agit ici simplement d'une décision de mise à mort et de ses conséquences (pour l'antiquité, la mort elle même n'est, au fond, qu'un fait divers).
    L'article de Freud "Au-delà du principe du plaisir", qui introduit de façon clinique la "pulsion de mort", a apporté une révolution anthropologique doublement effrontée aux yeux des "modernes" et des chrétiens (plusieurs intervenants de ce blog font en effet état de leurs convictions).
    Pour les premiers elle est inacceptable en ce qu’elle compromet l’utilitarisme, pour les seconds elle met de côté les catégories de grâce et de péché et surtout jusqu’aux conditions de possibilité du rachat.
    Dans tous les cas, il n’y a plus d’optimum, de lendemains qui chantent et de salut, dure potion.
    En lieu et place d'une polysémie floue, Mr Hirsch est t-il prêt à boire cette cigüe ou prèfère t-il maintenir "l'avenir d'une illusion".

    Dr YD

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