Epidémie d’infections à Monkey pox virus au Texas, à virus Ebola au Gabon, au virus West Nile en France, dengue à Java, Chikungunya à la Réunion…toutes ces situations traduisent des mouvements épidémiologiques résumés sous le concept d’émergence, qu’il s’agisse de l’apparition de nouvelles viroses, de la manifestation de viroses connues en dehors de leur cadre habituel ou encore d’une (ré) augmentation de l’incidence de ces dernières en zone d’endémie.
La très grande majorité de ces virus émergents sont des virus à ARN ayant une capacité de réplication élevée qui leur permet de s’adapter à différents écosystèmes. Trois types de facteurs peuvent par ailleurs expliquer l’émergence de nouvelles infections : mutation ou réarrangements génétiques au niveau de l’agent infectieux lui-même, modifications de l’environnement (crues, sécheresses, réchauffement climatique…), évolution du comportement humain (migration, voyage, mondialisation des échanges, densité de population, élevage et vente d’animaux infectés …).
Le dermatologiste joue un rôle non négligeable dans la
reconnaissance de ces « nouvelles » infections. Il existe
en effet un exanthème dans la moitié à deux tiers des cas. Il
apparaît dans la dengue au moment de la défervescence, accompagné
d’un prurit douloureux. Dans l’infection au virus West Nile,
l’exanthème est maculopapuleux prédominant à la racine des membres
tandis que l’éruption est urticarienne, douloureuse aux
extrémités pour le Chikungunya, vésiculopustuleuse proche de
la variole dans l’infection à Monkey pox virus.
Naturellement le diagnostic est établi sur les signes
d’accompagnements (douleurs abdominales, troubles de la conscience,
signes hémorragiques dans certains cas de dengue ou dans
l’infection à Monkeypox virus, tableau de pseudopolyradiculonévrite
dans la maladie du West Nile etc) et sur les examens biologiques
(sérologie, PCR, culture virale). La notion de séjour en zone
d’endémie reste bien évidemment importante mais ne peut plus être
regardée comme indispensable au diagnostic eu égard à ce phénomène
d’émergence. Plus que jamais, il faut donc rester attentif à la
possibilité, devant un exanthème d’allure infectieuse d’être face à
un de ces agents infectieux émergents.
Dr Marie-Line Barbet