Virus et sensibilisation, sensibilisation et virus : des relations complexes

Dans un contexte où la prévalence des maladies allergiques est allée croissant au cours des dernières décennies, J. Brouard (Caen) passe en revue les données disponibles afin de préciser les liens entre virus et sensibilisation, entre virus et asthme, entre virus et allergie, entre rhinite allergique et asthme.

L’auteur s’interroge sur le rôle des infections virales sources de respiration sifflante dans la survenue de l’asthme, et note que celles dues aux rhinovirus représentent le facteur prédictif le plus significatif d’asthme. Au rôle initiateur suggéré des infections par rhinovirus, il ajoute celui  des infections par virus respiratoire syncytial (VRS) qui, bien que n’apparaissant pas associées à un risque accru d’asthme lorsqu’elles surviennent au cours des 2 premières années de vie, apparaissent, lorsqu’elles surviennent au cours de la 3e année, multiplier par 9,9 le risque d’asthme. 

Il s’interroge sur le rôle potentiel de certaines viroses respiratoires, notamment celles dues aux virus para-influenzae et au VRS, dans le développement de l’allergie. Ces viroses orienteraient les réactions immunitaires vers des réponses à prédominance TH2, lesquelles pourraient favoriser les risques de sensibilisation par aéroallergènes des enfants. Il aborde d’autres facteurs susceptibles d’être impliqués dans l’initiation de l’allergie, dont les traitements antibiotiques précoces, qui pourraient augmenter le risque ultérieur d’atopie et d’asthme. Un point a également été fait sur le rôle du terrain atopique préexistant, qui pourrait être responsable de la fréquence accrue des infections. Cette donnée est notamment étayée par les résultats d’une étude prospective ayant mis en évidence, chez des enfants à antécédents de bronchiolite virale, un accroissement du risque d’asthme persistant à l’âge de 5 ans, uniquement chez ceux dont les prick tests avant l’âge de 2 ans étaient positifs pour un ou plusieurs allergènes de l’air ou de l’alimentation.

À ces interrelations, l’auteur ajoute aussi celles liant rhinite allergique (RA) et asthme, en  rappelant que près de 60 % des enfants atteints d’asthme auraient une RA médicalement reconnue, ainsi que les associations entre rhinite saisonnière pollinique et antécédents d’atopie parentale, existence d’une dermatite atopique, ou d’une sensibilisation alimentaire précoce. Il attire l’attention par ailleurs sur les relations entre RA et exposition aux taux élevés de moisissures, certaines tendant à accroître le risque de sensibilisation (Alternaria, Aspergillus, par exemple), tandis que d’autres (Cladosporium) auraient un effet inverse.

Dr Julie Perrot

Références
Brouard J. : Virus et sensibilisation : la poule et l’œuf. 4e Congrès Francophone d’Allergologie (Paris) : 14-17 avril 2009.

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