L’hypovitaminose D a été associée à une réduction de la force musculaire chez l’homme et à des troubles de la coordination motrice chez l’animal. Puisque la marche requiert l’intégrité de ces deux éléments, une équipe menée par C. Annweiler (Gériatrie, CHU Angers) a émis l’hypothèse qu’une réduction du taux sérique de vitamine D (25-OHD) pouvait être associée à une réduction de la vitesse de marche. L’objectif de cette étude était de déterminer si un faible taux sérique de 25-OHD était associé à une réduction de la vitesse de marche chez la personne âgée. Dans cette optique, 752 femmes de 75 ans et plus, vivant à domicile et recrutées sur les listes électorales de cinq grandes villes françaises, ont bénéficié d’un dosage sérique de 25-OHD et d’une mesure de leur vitesse de marche sur une distance de 6 mètres sous deux conditions de marche : vitesse normale puis rapide. Trois seuils sériques en vitamine D ont été déterminés : déficit en vitamine D (<10 ng/ml), insuffisance (10-30 ng/ml) et taux normal (>30 ng/ml).
L’analyse des résultats en régression linéaire a montré une relation directe entre taux sérique de 25-OHD et la vitesse de marche, en condition de marche normale (p=0,014) et de marche rapide (p=0,028). De la même manière, la vitesse de marche diminue régulièrement selon le taux sérique de 25-OHD pour les deux conditions de marche (p=0,002). La régression logistique multivariée a montré, pour sa part, que le déficit en 25-OHD est significativement associé à une diminution de la vitesse de la marche en condition habituelle (OR=3,2 ; p=0,021), tandis qu’en condition de marche rapide, à la fois l’insuffisance et le déficit en 25-OHD sont associés à une diminution de la vitesse de la marche (respectivement : OR=4,3 ; p=0,008 et OR=6,3 ; p=0,002).
Il y a donc relation entre hypovitaminose D et réduction de la
vitesse de marche, qui peut s’expliquer par les effets de la
vitamine D sur le muscle et la coordination motrice des membres
inférieurs qui entraîne une augmentation du risque de chute, mais
aussi une réduction de la résistance mécanique du squelette.
La substitution en vitamine D pourrait à ce titre représenter une
stratégie de prévention primaire et secondaire des fractures
ostéoporotiques du sujet âgé.
Dr Dominique-Jean Bouilliez