
Le vitiligo est une affection dont la physiopathologie est
encore mal connue, le retentissement psychologique souvent majeur
et le traitement incertain. L’épidémiologie de la maladie est
également imprécise car les études de grande envergure manquent sur
cette affection, notamment sur les associations avec d’autres
pathologies dermatologiques même si la plupart des travaux publiés
font état d’une association avec la dermatite atopique, la pelade
et le psoriasis.
Pour tenter d’en savoir plus et de quantifier ces liens
inter-pathologiques éventuels, Mathias Augustin et coll. de
Hambourg se sont appuyés sur deux cohortes : la première dite de
dépistage regroupait environ 120 000 personnes recrutées en
médecine du travail et toutes examinées complétement par un
dermatologue, la seconde d’un échantillon de 1,6 millions d’assurés
sociaux de 16 à 70 ans pour laquelle le vitiligo et les
co-morbidités d’intérêt ont été recherchés à partir des fichiers
informatiques de l’Assurance maladie.
Le premier enseignement de ce travail concerne la fréquence du
vitiligo. Dans cette population essentiellement germanique, le
dépistage dermatologique a permis d’identifier 0,77 % de cas lors
de l’examen clinique. L’incidence du vitiligo était plus élevée
chez les hommes (0,84 % contre 0,67 % pour les femmes) et
augmentait avec l’âge et avec les phototypes clairs (I et II de la
classification de Fitzpatrick).
A partir des données de l’assurance maladie (donc sans examen
clinique) la prévalence de l’affection est apparue plus faible
(0,17 %). De plus, avec cette méthode, et contrairement aux données
de la cohorte de dépistage l’équipe de M Augustin a retrouvé une
prévalence plus élevée chez les femmes (0,18 %) que chez les hommes
(0,14 %).
Des comorbidités dermatologiques variant avec la méthode retenue
En ce qui concerne les co-morbidités éventuellement associées
au vitiligo la cohorte de dépistage a mis en évidence une
association significative positive avec la présence d’angiomes
plans (taches de vin) et une association négative significative
avec l’acné et les lentigines actiniques. Une analyse par
régression logistique avec contrôle par l’âge, le genre et le type
de peau a confirmé ces associations.
A partir des données de l’assurance maladie, les résultats
étaient différents le vitiligo étant apparu significativement
associé principalement (odds ratio [OR] supérieur à 1,8) à la
dermatite atopique (OR : 1,90), au lichen plan (OR : 2,59), à la
pelade (OR : 3,19), aux autres troubles de la pigmentation (OR :
9,96) et aux naevus congénitaux non néoplasiques (OR :
2,53).
Outre des données chiffrées (mais discordantes) sur
l’incidence du vitiligo entre 16 et 70 ans dans une population
principalement germanique et sur les comorbidités dermatologiques,
ce travail pointe également du doigt l’importance de la
méthodologie retenue pour évaluer la fréquence de ce type de
pathologie sans gravité systémique (en dehors des répercussions
psychologiques).
Dr Gilles Haroche