Vive la parole libre !

Québec, le samedi 21 mai 2016 – Nous évoquions récemment le projet avorté du gouvernement britannique de restreindre la liberté de parole des chercheurs britanniques dont les travaux sont financés par les fonds publics. Il s’agissait d’empêcher qu’un scientifique n’exprime des opinions allant à l’encontre des souhaits gouvernementaux dans telle ou telle sphère, médicale ou environnementale notamment. Face au tollé provoqué par cette mesure, les pouvoirs publics ont choisi in extremis de la retirer.

Cependant, dans de nombreux autres pays démocratiques, la censure pèse sur la communication des chercheurs. Ce fut notamment le cas au cours des neuf dernières années au Canada, comme le rappelle un récent article de Nature. Le gouvernement avait imposé une relecture quasi systématique de toutes les interviews et autres reportages donnant la parole à des scientifiques travaillant dans des laboratoires nationaux, dès lors que le sujet était sensible et concernait notamment les nouvelles normes environnementales. Dans les universités, nombreux furent les chercheurs régulièrement rappelés à l’ordre et presque ouvertement menacés de voir leur financement se tarir s’ils n’adoptaient pas un discours plus neutre vis-à-vis de sujets intéressant les actions du gouvernement concernant par exemple les OGM ou encore le réchauffement climatique. Si ces restrictions n’ont jamais fait l’objet de règles écrites, la censure ne faisait guère de doute. Une enquête menée en 2013 par l'Institut professionnel de la fonction publique du Canada (IPFPC) avait ainsi révélé que 90 % des chercheurs interrogés considéraient ne pas pouvoir s’exprimer publiquement librement sur des sujets intéressant leur champ de recherche. Par ailleurs, 48 % avaient été témoins de cas dans lesquels des données scientifiques avaient été retirées de documents officiels destinés notamment aux médias.

L’arrivée de Justin Trudeau à la tête du pays s’est accompagnée d’une véritable décrispation et d’une volonté affirmée de libéralisation de la parole. Des discussions ont été engagées entre les agences de recherche et le gouvernement sur cette question, même si comme le précise l’enquête de Nature des réflexes continuent à persister, quant à la transmission des informations au gouvernement avant leur publication. Des années de censure peuvent difficilement être annihilées en quelques semaines.

M.P.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article