Zika menace la France métropolitaine

Paris, le lundi 29 septembre 2014 - On ne l’a pas trop suivi en métropole mais l’hiver dernier, une épidémie de Zika a mis à mal les autorités sanitaires en Polynésie française (Pf). Et pour cause : la maladie était peu connue dans la région, donc le virus n’a pas été repéré tout de suite. Ce Flavivirus, transmis par des moustiques (encore!), a été identifié la première fois en 1947 chez des singes rhésus dans une forêt de l’Ouganda, et chez l’homme en 1952 également en Ouganda et Tanzanie. Depuis, les cas humains signalés étaient restés sporadiques, et localisés en Afrique ou en Asie. En 2007, une première épidémie a eu lieu en Micronésie (pacifique Nord), mais personne n’a eu la puce à l’oreille (le moustique, si).

Une première mondiale

Cette deuxième épidémie pacifique (si l’on peut dire) a atteint une intensité exceptionnelle, quantitativement avec quelques 300 cas, et surtout en gravité car sont apparues des formes émergentes sévères de la maladie, heureusement non mortelles mais jamais décrites auparavant dans la littérature, notamment des complications neurologiques avec des syndromes groupés de Guillain-Barré. Tout cela dans un contexte de circulation conjointe de deux sérotypes de virus de la dengue (1 et 3) ! Toutes les autorités locales et métropolitaines ont été mobilisées très vite,  avec le soutien du réseau de surveillance de la Communauté du Pacifique et de l’OMS afin de ralentir l’évolution de la première grande épidémie de Zika au monde, et permettre la meilleure prise en charge des cas. Au total, l’épisode aura duré environ sept mois (d’octobre à avril).

Vous avez dit maladie tropicale ?

Les moustiques aedes étant vecteurs, la même chose pourrait se produire dans d’autres régions tropicales françaises. Et la version tigrée, alias aedes albopictus, est déjà présente comme on le sait dans de nombreux pays tempérés.  Chez nous on le traque, et pas seulement dans le sud de la France car il est en cours de conquête territoriale… D’où la vigilance des autorités sanitaires métropolitaines et la publication récente d’un dossier thématique «virus Zika » sur le site RESE (réseau d’échange en santé environnementale).

Mais si Zika arrive en métropole on ne partira pas de zéro cette fois, car pour tirer les enseignements de cette expérience pour le moins édifiante, un travail de retour d’expérience publié en mai propose aux décideurs douze recommandations à visée opérationnelle, portant sur la surveillance épidémiologique, l’offre de soins, la communication et la lutte anti vectorielle.

Une maladie à rajouter dans la nosologie métropolitaine ? Pour information ou rappel elle peut provoquer plus ou moins conjointement : fièvre, éruption cutanée, hyperhémie conjonctivale, arthralgies, myalgies, œdèmes des mains/pieds. On estime à 2/3 les cas asymptomatiques : enfin une bonne nouvelle.

 

http://rese.sante.gouv.fr/santenv/interven/lav/index.htm

Dr Blandine Esquerre

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