
La définition des aliments ultra-transformés ne fait pas encore consensus. Selon la classification NOVA qui fait souvent référence, les aliments ultra-transformés sont « des aliments ayant subi d’importants procédés de transformation ou dont la formulation contient des additifs non nécessaires à la sécurité sanitaire du produit (colorants, émulsifiants, édulcorants, etc.) ou des substances industrielles (huiles hydrogénées, amidons modifiés, maltodextrine, protéines hydrolysées, etc.) pour imiter ou améliorer les qualités sensorielles des aliments (sodas, soupes déshydratées, produits carnés reconstitués, etc.). »
Dans les pays à revenus moyens à élevés, les aliments ultra-transformés contribuent à hauteur de 25 à 60 % des apports énergétiques quotidiens.
Il apparaît de plus en plus que les aliments ultra-transformés sont associés à l’obésité, aux maladies cardiovasculaires, à la dépression et à la mortalité toutes causes. Leur consommation pourrait aussi augmenter le risque de cancer, par leurs propriétés obésogènes et leur valeur nutritionnelle faible, et par l’exposition aux additifs ou autres contaminants chimiques. Si des études épidémiologiques ont suggéré cette association, d’autres travaux ont donné des résultats contradictoires.
Une vaste analyse a été menée à partir des données de l’étude EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) dont les participants ont été recrutés dans 23 centres répartis dans 10 pays européens. Des questionnaires de nutrition ont été utilisés pour établir quels aliments et boissons étaient consommés. L’objectif de l’étude était d’observer l’association entre la prise d’aliments ultra-transformés et le risque de cancer dans 25 localisations anatomiques, chez 450 000 personnes sur les 520 000 participants de l’étude EPIC.
Moins de cancers chez les consommateurs de produits peu transformés ou frais
Les données montrent que la consommation d’aliments peu transformés et frais est associée à une réduction des risques de cancers. En revanche, la consommation d’aliments transformés ou ultra-transformés est associée à une augmentation du risque.
Le remplacement de 10 % des aliments transformés (et pour certains cancers des aliments ultra-transformés) par une quantité égale d’aliments peu ou pas transformés est associé à une réduction du risque de cancer tous types (Hazard Ratio HR 0,96 ; Intervalle de confiance à 95 % IC95 0,95 à 0,97), de cancer de la tête et du cou (HR 0,80 ; IC95 0,75–0,85), de carcinome œsophagien à cellules squameuses (HR 0,57 ; IC95 0,51 à 0,64), de cancer du côlon (HR 0,88 ; IC95 0,85 à 0,92), de cancer rectal (OR 0,90 ; IC95 0,85 à 0,94), de carcinome hépatocellulaire (HR 0,77 ; IC95 0,68 à 0,87) et de cancer du sein après la ménopause (HR 0,93 ; IC95 0,90 à 0,97).
La substitution de 10 % d’aliments ultra-transformés par 10 % d’aliments peu transformés est associée à une diminution du risque de cancer de la tête et du cou (HR 0,80 ; IC95 0,74 à 0,88), de cancer du côlon (HR 0,93 ; IC95 0,89 à 0,97), et de carcinome hépatocellulaire (HR 0,73 ; IC95 0,62 à 0,86).
Ces résultats confirment ceux des travaux les plus récents, résumés par le World Cancer Research Fund (WCRF) et l’American Institute for Cancer Research, qui montraient qu’une augmentation de la consommation d’aliments peu transformés, comprenant des graines, des produits laitiers, des légumes non féculents et du café, pourrait protéger contre certains cancers.
Dr Roseline Péluchon