Ce n’est pas vraiment la Covid-19 qui favorise l’automutilation

Dans un contexte où un lien avait semblé exister entre l’infection par le SARS-CoV-2 et un comportement suicidaire mais sans preuves concluantes, une étude de cohorte réalisée au Danemark (entre février 2020 et octobre 2021 sur des personnes âgées de 15 ans ou plus) a examiné l’association éventuelle entre des antécédents d’infection par SARS-CoV-2 (ou une hospitalisation pour Covid-19) et des comportements d’automutilation.
L
es auteurs ont identifié sept sous-groupes de patients plus vulnérables pour ce risque d’automutilation dans un contexte de Covid-19 : (1) un niveau d’éducation inférieur ; (2) l’existence d’une maladie chronique ; (3) une pension d’invalidité ; (4) des antécédents de troubles mentaux, (5) des troubles liés à l’utilisation de substances ; (6) l’absence de domicile fixe ; (7) une incarcération.

Parmi près de 4,5 millions de sujets inclus dans cette étude, presque 6 % ont été testés positifs pour le SARS-CoV-2. Et sur 5 453 personnes présentant des actes d'automutilation, 131 (2,4 %) ont été infectées par la Covid-19. Un modèle de régression de Poisson a permis d’apprécier les taux d’incidence ajustés. Par rapport aux sujets non testés positifs au SARS-CoV-2, ceux avec des tests positifs avaient un taux d’incidence ajusté d’automutilation de 0,86 [intervalle de confiance à 95 % IC 0,72–1,03], autrement dit pas augmenté.

De même dans les analyses de sensibilité avec une définition plus restrictive de l’automutilation », un test PCR positif pour le SARS-CoV-2 est associé à des taux plus faibles d’automutilation. En revanche, des taux élevés d’automutilation sont observés après une hospitalisation, qu’elle soit liée au SARS-CoV-2 (Odds ratio OR ajustés = 7,68 [IC 5,61–10,51]), ou même sans rapport avec la Covid-19 (OR ajustés = 10,27 [IC 9,65–10,93]), par rapport à des sujets non infectés par le SARS-CoV-2 et non hospitalisés.

Cette étude montre que les personnes atteintes d’une infection par le SARS-CoV-2 confirmée par PCR n’ont pas de taux d’automutilation plus élevés qu’en l’absence de Covid-19. En revanche un contexte d’admission à l’hôpital en général (lié ou non à la Covid-19) se révèle associé à des taux élevés d'automutilation, et non, spécifiquement, la seule positivité au SARS-CoV-2.

Dr Alain Cohen

Référence
Erlangsen A et coll.: Association between SARS-CoV-2 infection and self-harm: Danish nationwide register-based cohort study. Br J Psychiatry, 2023-04 : 167–174. doi: 10.1192/bjp.2022.194.

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