
Tokyo, le mercredi 23 août 2023 – Une étude japonaise confirme que plus le temps d’exposition des enfants aux écrans est long, plus le risque de présenter des retards de développement est grand.
« Pas d’écran avant trois ans ». La recommandation à destination des parents pour leurs enfants est bien connue, même si elle est difficilement respectée (selon une étude menée en avril dernier, seulement 13 % des enfants de moins de trois ans ne regardent aucun écran). Si les effets néfastes des écrans sur le développement des enfants est suspecté depuis de nombreuses années, notamment depuis que les écrans, d’ordinateurs ou de smartphones, ont envahi notre quotidien, les conséquences précises d’une exposition aux écrans dès le plus jeune âge sont encore méconnues.
Une étude menée par des chercheurs de l’université de Tokyo et publiée ce lundi dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) apporte plus de précisions sur les effets des écrans et permet notamment d’établir un lien entre le temps d’exposition et le risque de présenter des retards de développement. Les chercheurs japonais ont ainsi étudié plus de 7 000 enfants entre 2013 et 2017, divisés en quatre groupes selon leur durée d’exposition quotidienne aux écrans à l’âge d’un an : 48,5 % étaient exposés à une heure ou moins d’écran, 29,5 % entre une et deux heures d’écran, 18 % entre deux et quatre heures et 4 % à quatre heures d’écran ou plus.
Une corrélation entre le temps devant l’écran et le risque de retard de développement
Les chercheurs ont ensuite évalué le niveau de développement des enfants à l’âge de 2 et 4 ans, dans cinq domaines : la communication, la motricité globale, la motricité fine, la résolution de problèmes et les compétences sociales. Selon l’étude, les résultats sont sans appel : plus la durée d’exposition aux écrans à l’âge d’un an est prolongée, plus le risque de retard de développement à l’âge de 2 et 4 ans dans le domaine de la communication et de la résolution de problèmes est grand.
Ainsi, par rapport aux enfants qui n’ont été exposés qu’à une heure ou moins d’écran à l’âge d’un an, ceux qui ont regardé des écrans quotidiennement pendant une à deux heures ont un risque de retard du développement accru de 61 %. Le risque est multiplié par deux entre deux et quatre heures d’écran et par 4,8 au-delà de quatre heures d’exposition quotidienne aux écrans.
En revanche, le lien entre l’exposition aux écrans et un retard de développement moteur est plus ténu. Si les enfants fortement exposés aux écrans semblent plus à risque de présenter un tel retard à 2 ans, cette majoration du risque ne se maintient plus à l’âge de 4 ans. De même, aucun lien clair n’a pu être établi entre une exposition aux écrans et un retard dans le domaine des compétences sociales.
« Des associations ont été systématiquement observées dans les domaines de la communication et de la résolution de problèmes pour les enfants âgés de 2 et 4 ans et non dans le domaine des compétences personnelles et sociales à l'âge de 4 ans » résument les auteurs de l’étude. Selon eux, cela pourrait signifier que les effets de l’exposition des très jeunes enfants peuvent également dépendre du contenu auxquels les enfants sont exposés.
« Bien que le temps passé devant un écran ait été associé à un retard de développement, il peut avoir un aspect éducatif selon les programmes regardés sur les appareils électroniques » concluent les auteurs. Si les parents doivent donc en général ne pas trop exposer leurs très jeunes enfants à des écrans, ils doivent également faire attention au contenu regardé par leurs petites têtes blondes.
Quentin Haroche