
Paris, le mardi 28 septembre - Publiée lundi 27 septembre dans
la revue International Journal of Epidemiology, une vaste
étude menée par des chercheurs britanniques, allemands et danois
dans vingt-neuf pays développés permet de mesurer un peu plus
l’impact considérable de la Covid-19 sur l’espérance de vie. La
pandémie qui a frappé durement l’Europe et l’Amérique du Nord en
2020 a provoqué une « hausse de la mortalité d’une magnitude
jamais vue depuis la Seconde guerre mondiale en Europe et la chute
de l’Union Soviétique en Europe de l’Est ».
Plus de deux ans d’espérance de vie perdue aux Etats-Unis chez les hommes
Avec plus de 691 000 morts depuis le début de l’épidémie,
c’est aux Etats-Unis que la Covid-19 a eu le plus d’impact sur
l’espérance de vie à la naissance. La nation américaine a perdu
plus de 2,2 ans d’espérance de vie chez les hommes et 1,6 ans chez
les femmes.
L’Europe de l’Est semble également particulièrement marquée
par cette chute. Après les Etats-Unis, la Lituanie, la Bulgarie et
la Pologne accusent la plus grande baisse avec respectivement 1,69,
1,60 et 1,50 années d’espérance de vie perdues à la naissance pour
les hommes et 1,65, 1,26 et 1,29 années pour les femmes. Une
diminution jugée plus importante que celle vécue par ces pays à
l’issue de la dislocation de l’Union Soviétique.
La France très légèrement moins marquée
Bien que frappée de plein fouet par la première vague de Covid-19 dès le mois de mars 2020, l’espérance de vie en France semble avoir été moins atteinte qu’ailleurs en Europe. L’espérance de vie a « seulement » reculé de 0,67 an chez les hommes et de 0,60 chez les femmes.Une exception scandinave… sauf pour la Suède
Les pays du Nord se démarquent toutefois par une hausse
sensible (ou une quasi-stagnation) de l’espérance de vie sur
l’année 2020. La Norvège enregistre ainsi une hausse de 0,18 an de
l’espérance de vie chez les hommes comme chez les
femmes.
Les hommes plus que les femmes
Autre trait caractéristique (et logique) de cette étude : la baisse de l’espérance de vie est plus marquée chez les hommes que chez les femmes. Alors qu'elle était déjà plus basse que celle des femmes dans de nombreux pays, la crise du Covid n'a fait que renforcer cette tendance en défaveur des hommes.Comparer ce qui est comparable ?
Interrogé par Le Monde, Jean Marie Robine, démographe à l’Inserm, invite toutefois à relativiser certaines conclusions spectaculaires de l’étude. « En 1940, en France, l’espérance de vie a baissé de quatre ans chez les femmes et de quatorze ans chez les hommes, rappelle-t-il. De grosses chutes sont aussi observées en 1943 et 1944. L’ordre de grandeur n’est pas le même ».C.H.