
Le rhumatisme psoriasique fait partie de la famille des rhumatismes inflammatoires chroniques au sein de laquelle il se distingue par un certain nombre de traits. Ses manifestations articulaires pourraient concerner jusqu’à 40 % des patients atteints d’un psoriasis cutané. Les formes cliniques s’apparentent, dans certains cas, à une polyarthrite rhumatoïde, dans d’autres à une spondylarthropathie, de sorte que l’errance diagnostique n’est pas rare. Son traitement repose principalement sur les anti-inflammatoires et, dans les formes sévères, le méthotrexate ou les biothérapies. Cependant, les caractéristiques de la maladie peuvent varier d’un pays à l’autre et, à cet égard, les résultats d’une étude épidémiologique danoise méritent d’être rapportés.
Elle a porté sur toute la population adulte du pays (âge ≥ 18 ans) ce qui représente 4,7 millions d’individus. Le registre national des données médicales et administratives a permis d’identifier 10 577 patients atteints d’un rhumatisme psoriasique diagnostiqué par un rhumatologue. Le sexe féminin prédomine au sein de cette cohorte, soit 54,5 à 59,8 % des patients. Plus d’une fois sur deux (53 %), aucun traitement de fond n’avait été instauré, tout au plus des anti-inflammatoires non stéroïdiens ou une corticothérapie systémique épisodique. Dans un cas sur trois environ (32,9 %), des médicaments « antirhumatismaux » non biologiques avaient été prescrits au long cours sans diagnostic étiologique précis, alors qu’une biothérapie spécifique n’avait été entreprise que chez 14,1 % des patients.
Des lésions cutanées dans deux tiers des cas
Un psoriasis cutané a été constaté dans la majorité des cas, soit 66,2 à 72,3 %. Dans les formes sévères, la prévalence des atteintes articulaires distales s’est avérée particulièrement élevée, notamment les arthropathies interphalangiennes, associées à d’autres localisations articulaires, telles les spondylites et les arthrites mutilantes, ainsi que certaines enthésopathies. Le tabagisme chronique et les comorbidités, telles l’hypertension artérielle, le diabète, la dépression et l’anxiété se sont avérés plus fréquents en cas de rhumatisme psoriasique, indépendamment de la sévérité de ce dernier.
Le poids de ce rhumatisme inflammatoire chronique au Danemark est significatif tant au niveau de la collectivité que de l’individu. Il faut souligner au passage qu’une proportion importante de patients ne reçoit aucun traitement de fond, alors que le diagnostic a été posé par un rhumatologue. Par ailleurs, il semble que, devant un tableau de rhumatisme inflammatoire, les signes cutanés d’un psoriasis, parfois fort discrets, ne soient pas systématiquement recherchés, de sorte que la prévalence du rhumatisme psoriasique est très probablement sous-estimée tant au Danemark que dans bon nombre de pays industrialisés.
Dr Philippe Tellier