
New York, le lundi 5 septembre 2022 – Un test de niveau national démontre une baisse importante du niveau des écoliers américains du fait des confinements.
Fermer ou ne pas fermer les écoles, telle a été la question pendant les deux années de crise sanitaire que le monde vient de connaitre. En France, après les avoir fermées durant le premier confinement du printemps 2020, le gouvernement a fait le choix de les maintenir ouvertes coûte que coûte, prenant le contre-pied de la plupart des autres pays occidentaux, qui les ont fermés de manière discontinue pendant 18 mois.
S’il sera sans doute difficile de déterminer un jour l’impact de l’ouverture des écoles sur l’épidémie, celui de leur fermeture sur le développement des enfants s’avère lui très lourd.
Ainsi, selon un test de niveau réalisé auprès de 14 800 enfants américains de 9 ans par le gouvernement fédéral (dont le résultat a été publié ce jeudi), le niveau des écoliers a baissé de 7 % en mathématiques entre 2020 et 2022 et de 5 % en lecture.
C’est la première fois que le niveau des élèves diminue en mathématique depuis la création de ce test national en 1971 et la pandémie marque la plus forte baisse du niveau de lecture. D’autres résultats d’études portant cette fois sur le niveau des collégiens et des lycéens américains sont attendus dans les prochains mois.
Baisse de niveau plus importante chez les enfants issus des minorités
Ce sont les élèves les moins performants qui sont les plus touchés par cette baisse de niveau. Ainsi, alors que les 10 % d’écoliers les plus performants n’ont perdu en moyenne que 3 points en mathématiques au test national (un retard qui peut se rattraper en 9 semaines de cours selon les experts), les 10 % d’élèves les plus médiocres ont perdu 12 points (soit l’équivalent de 36 semaines de cours).
Un écart qui s’explique notamment par des conditions de scolarisation différentes durant la pandémie : 83 % des élèves les plus performants ont en permanence eu accès à un ordinateur pour suivre l’école à distance, contre seulement 58 % des moins performants.
La pandémie n’a en réalité fait qu’accentuer un phénomène déjà observé ces dernières années de stagnation et même de baisse de niveau des élèves les moins performants, accentuant ainsi les inégalités. Le test national permet également de constater que la fermeture des écoles a affecté différemment les enfants selon leur origine ethnique.
Ainsi, le niveau en mathématique des enfants blancs n’a baissé que de 5 %, contre 8 % chez les hispaniques et 13 % chez les Noirs. Paradoxalement, ce sont les démocrates, pourtant champions de l’égalité des chances et raciale, qui avaient le plus milité pour la fermeture des écoles durant la pandémie.
122 milliards de dollars de plus pour l’éducation
« Les résultats aux tests des élèves, même à partir de la primaire, sont très prédictifs de la réussite qu’ils obtiendront plus tard à l’école et leurs trajectoires éducatives en général » s’inquiète Susanna Loeb, spécialiste de l’éducation à l’université Brown. « La principale raison de s’inquiéter est la baisse des résultats des enfants les moins performants, le fait d’être si loin derrière pourrait conduire à un désengagement scolaire » poursuit-elle.
De nombreux experts de l’éducation ont appelé le gouvernement fédéral à agir pour combler rapidement cette baisse de niveau et réduire les inégalités. Le budget de l’éducation vient récemment d’augmenter de 122 milliards de dollars, dont 20 % sont destinés à réparer les conséquences de la pandémie.
Les résultats de ces tests devraient en tout cas faire réfléchir ceux qui, en France, n’ont cessé pendant des mois de qualifier de criminel la décision des autorités de maintenir les écoles ouvertes.
Quentin Haroche