Le gouvernement dévoile son nouveau plan anti-tabac

Paris, le mardi 28 novembre 2023 – Augmentation progressive du prix du tabac, généralisation des espaces sans tabac, interdiction des puffs : le gouvernement a dévoilé une batterie de mesures pour faire reculer le tabagisme.

Avec un quart de sa population adulte qui fume quotidiennement, la France est l’un des pays occidentaux dont les habitants fument le plus, la proportion de fumeurs en France excédant de 40 % la moyenne des pays de l’OCDE. Plus inquiétant encore, alors qu’il baissait continuellement depuis plusieurs décennies, le taux de fumeurs en France a tendance à stagner depuis 2018.

C’est donc avec l’ambition de relancer la baisse du nombre de fumeurs et de rattraper notre retard dans ce domaine que le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a présenté ce mardi le nouveau plan du gouvernement pour lutter contre le tabagisme, à quelques jours de la fin du « Mois sans tabac ». « Chaque année, la France paye un lourd tribut au tabagisme, qui reste la première cause de mortalité évitable, avec 75 000 décès par an, soit 200 morts par jour » a rappelé le ministre en préambule.

En premier lieu, l’exécutif a décidé d’augmenter progressivement le prix du paquet de cigarette, mesure considérée « comme la plus efficace contre le tabac selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) » a rappelé le ministre. Actuellement à 11 euros, le prix du paquet sera ainsi porté à 12 euros en 2025 et à 13 euros en 2027 (il ne coutait que 5 euros en 2006 et 7 euros en 2016).

Les mauvaises langues noteront que le prix du paquet de cigarettes aurait de toute façon atteint des niveaux similaires, puisque le Parlement a voté l’an dernier l’indexation sur l’inflation des taxes sur le tabac. Le prix du paquet de cigarettes devrait donc de toute façon augmenter de 40 à 50 centimes dès le 1er janvier prochain, selon les calculs de la Confédération des buralistes.

Interdit de fumer sur les plages et près des écoles

Ce mardi, le ministre a également annoncé la généralisation des espaces sans tabac. Pour le moment, les collectivités locales ont déjà la possibilité d’interdire de fumer dans certains espaces publics ouverts et il existe plus de 7 200 espaces sans tabac à travers 73 départements. « Nous renversons aujourd’hui la responsabilité et fixons ce principe qui devient la règle » a expliqué le ministre.

Par conséquent, il sera désormais interdit de fumer sur les plages, dans les parcs publics et les forêts et aux abords de certains lieux publics, notamment des établissements scolaires, dans l’ensemble du territoire. L’objectif poursuivi ici par l’exécutif est de « dénormaliser » la consommation de tabac dans l’espace public. Une mesure qui n’est pas du goût de tout le monde. « Assez des restrictions de liberté qui ne nuisent pas aux autres, quel est l’impact sanitaire face au fléau du tabac de cette mesure morale ? » a réagit le maire LR de Cannes David Lisnard.

Enfin, Aurélien Rousseau a confirmé l’aboutissement prochain d’une promesse faite par le gouvernement depuis plusieurs mois, à savoir l’interdiction des « puffs », ces cigarettes électroniques jetables particulièrement populaire chez les adolescents. Cette « aberration de santé tant publique qu’environnementale » selon les mots du ministre, sera interdite via une proposition de loi transpartisane visant à « interdire les dispositifs électroniques de vapotage à usage unique » et qui sera examiné à l’Assemblée Nationale en commission dès ce mardi et dans l’hémicycle à partir de lundi prochain.

La Nouvelle-Zélande renonce à l’interdiction du tabac

Malgré les nombreuses mesures annoncées, qui comprennent également un renforcement des politiques d’accompagnement des fumeurs, il est peu probable que ce nouveau plan satisfera les associations anti-tabac. Ces dernières ne pardonnent pas au gouvernement d’avoir refusé d’augmenter les taxes sur le tabac dans le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2024.

« Pour être efficaces, les hausses de taxes doivent être fortes, répétées et continues dans le temps » a réagi le Comité national contre le tabagisme (CNCT) à l’annonce de l’augmentation du prix du tabac en 2025. « Cela ne va rien changer, cela ne marquera pas les esprits » estime pour sa part le Pr Loïc Josseran, président de l’Alliance contre le tabac, qui milite pour que le prix du paquet de cigarettes soit porté à 16 euros.

A contre-courant, l’économiste Jérôme Mathis estime, dans une tribune publié ce dimanche dans Le Monde, que l’augmentation du prix du tabac n’est pas la solution (il en veut pour preuve que le prix du paquet est plus cher en France que dans la plupart des pays européens) et que le gouvernement devrait se concentrer sur l’organisation de campagne de prévention dans les écoles. Il milite également pour un changement de législation afin d’infliger des amendes massives à l’industrie du tabac, comme c’est le cas aux Etats-Unis.

Avec ce nouveau plan anti-tabac, le gouvernement s’est fixé l’objectif ambitieux de parvenir à une génération sans tabac d’ici 2032. Pour y parvenir, une des solutions, que le gouvernement n’a pas retenu, serait d’augmenter chaque année d’un an l’âge légal minimum pour acheter des cigarettes, interdisant ainsi le tabac pour toutes les personnes nées après une certaine date. Une mesure adoptée par la Nouvelle-Zélande en décembre dernier…mais qui ne devrait jamais voir le jour.

Le nouveau Premier Ministre de l’archipel, Christopher Luxon, a en effet annoncé ce lundi, jour de son intronisation, qu’il abolirait cette loi. Le leader conservateur estime qu’une telle loi risque de favoriser le développement d’un marché noir du tabac et également de faire baisser les recettes fiscales de l’Etat. In fine, c’est donc l’augmentation des taxes sur le tabac qui empêche de l’interdire.

Quentin Haroche

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Vos réactions (2)

  • I HAVE A DREAM

    Le 28 novembre 2023

    J’attends avec impatience la même campagne de prévention, contre le fléau de l’alcool…avec bien sûr augmentation du prix et des taxes comme pour le tabac …

    A. Cannavacciulo

  • Moins de pression qu’avec l’alcool ?

    Le 28 novembre 2023

    Ce gouvernement est étrange. Que ne sort-il les mêmes arguments et des mesures réelles contre l’alcool ! Un fléau évitable (Mortalité et cancers, accidents, violences voire meurtres évitables), alcool qu’on voit encore des pubs partout, et même de l’alcool gratuit !! (happy hour, un verre offert pour un acheté)… les alcooliers sont meilleurs pour se défendre que l’industrie du tabac : ils ont même réussi à faire annuler (annihiler) le travail de Santé publique France qui avait préparé une campagne pour accompagner la coupe du monde de Rugby ! Travail payé par nos impôts !

    Dr B. Courtot

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