
Dans un numéro récent d’Annals of Oncology une équipe
de l’université de Heidelberg traite de l’application de
l’intelligence artificielle au diagnostic du mélanome malin.
Le titre de leur article « Man against machine » n’est
pas très bien trouvé : ce n’est pas contre, mais avec les machines
d’intelligence artificielle que les dermatologues de demain (un
demain très proche) exerceront.
Cette étude confirme qu’un réseau de neurones convolutés,
Inception v4 de Google, est capable d’ « apprendre » à
distinguer les mélanomes des lésions bénignes avec une précision au
moins égale, et souvent supérieure, à celle des dermatologues les
plus compétents, en clinique et en dermoscopie. Les performances du
programme ont en effet été confrontées à celles de 58
dermatologistes dont 30 experts ayant plus de cinq ans d’expérience
dans la pratique de la dermoscopie. Elles ont été globalement
meilleures que celles des praticiens. Cependant 13 dermatologistes
(22,4 %) se sont montrés plus performants que ce programme.
Plutôt une bonne nouvelle
Tout ceci est plutôt une bonne nouvelle. On sait qu’aucun
dermatologue ne prétend à une sensibilité et à une spécificité de
100 % pour ces diagnostics, et l’aide de machines est bienvenue. On
peut en attendre une amélioration du diagnostic précoce de mélanome
et donc une diminution de la mortalité.
Les systèmes de photographies corps entier pour les patients
porteurs de nombreux naevus bénéficieront probablement de ces
techniques, de même que les médecins confrontés à une lésion
atypique. Quant au dépistage de toute la population, dont la
pertinence n’est pas unanimement appréciée, il devra intégrer la
possibilité de photographier les lésions cutanées avec des systèmes
experts.
On peut penser que les diagnostics de bénignité permettront de
limiter les interventions des dermatologues aux cas qui le
nécessitent le plus. L’accès aux soins spécialisés sera facilité
pour les populations qui en sont actuellement éloignées. Tous les
problèmes ne seront pas résolus, mais les dermatologues verront
leur rôle à la fois facilité et valorisé.
Dr Daniel Wallach