Paris, le mardi 22 août 2023 – La résurgence, bien que faible, de l’épidémie de Covid-19, nous amène à nouveau à nous interroger sur la surveillance des variants, l’efficacité des vaccins ou l’utilité des masques.
Ils ont fait partie de nos vies pendant près de deux ans avant d’en sortir progressivement il y a un an, à la faveur du recul de l’épidémie de Covid-19. Les variants du SARS-Cov-2, les vaccins et les masques ont été l’objet d’interrogations, de polémiques et de frustrations. Alors que cet été est marqué depuis quelques semaines par une faible résurgence des contaminations par le virus SARS-CoV-2, ces sujets ressurgissent dans l’actualité.
Le dernier point de situation sur la vague actuelle de Covid-19 publié par Santé publique France (SpF) vendredi dernier confirme le constat des dernières semaines : celle d’une reprise épidémique certaine mais de faible ampleur. « Dans la semaine du 7 au 13 août, la légère augmentation des indicateurs reste toujours à des niveaux faibles mais la situation actuelle nécessite de rester vigilant » résume SpF.
Ainsi, lors de la semaine du 7 août, les passages aux urgences pour suspicion de Covid-19 ont augmenté de 58 % tandis que la proportion d’hospitalisations après passage aux urgences reste stable. Les consultations auprès de SOS Médecins pour suspicion de Covid-19 ont également augmenté de 24 % cette même semaine. « Ces effectifs restent à des niveaux bas comparativement aux niveaux observés lors des précédentes vagues épidémiques » tempère immédiatement SpF.
Un variant sous surveillance aux Etats-Unis
L’incidence de la Covid-19 est de 12,3 cas confirmés en laboratoire par semaine pour 100 000 habitants (l’incidence réelle est évidemment bien supérieure), soit une augmentation de 60 % sur la semaine. C’est chez les personnes de plus de 80 ans, les plus à risque de forme grave, que l’incidence est la plus élevée (51,2 cas chez les 90 ans et plus et 32,7 cas chez les 80-89 ans). Si la reprise épidémique touchait jusque là essentiellement le sud-ouest de la France, SpF note cette semaine une « augmentation du nombre de cas dans toutes les régions », même si « la plupart des cas sont toujours rapportés dans des régions touristiques très fréquentées ».
La reprise de l’épidémie ne concerne pas que la France. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), 1,4 millions de personnes ont été contaminées dans le monde par la Covid-19 entre le 17 juillet et le 13 août dernier, soit une augmentation de 63 % par rapport à la précédente période de 28 jours. En revanche, seulement 2 300 personnes sont décédées de la maladie durant cette période, soit une baisse de 56 %.
Cette faible reprise épidémique est sans doute due à l’apparition d’un nouveau variant d’Omicron, le variant EG. 5, aussi appelé Eris, en passe de devenir majoritaire en France. Cependant, ce variant est considéré comme n’étant ni plus contagieux, ni plus pathogène que le précédent variant majoritaire, XBB.1.5, avec qui il pourrait présenter une immunité croisée.
En revanche, l’OMS et le Centre de contrôle des épidémies (CDC) des Etats-Unis ont tous les deux annoncés jeudi dernier qu’ils surveillaient activement un nouveau variant qui n’a pour l’instant été observé qu’aux Etats-Unis, au Danemark et en Israël. Ce nouveau mutant, appelé BA.2.86, présente plus de 30 mutations au niveau de sa protéine Spike, celle qui permet au virus de pénétrer les cellules de l’hôte contaminé. Si l’impact de ces mutations est « encore inconnu » explique l’OMS, ce variant pourrait potentiellement être plus contagieux que ses prédécesseurs.
Le retour du masque obligatoire dans les hôpitaux
La reprise épidémique a incité les autorités à communiquer de nouveau sur l’utilité, pour les personnes à risque notamment, de se faire administrer une dose de rappel du vaccin. Une nouvelle campagne vaccinale doit d’ailleurs être organisée le 17 octobre prochain concomitamment avec celle contre la grippe saisonnière. Mais les mutations incessantes du virus remettent en question l’efficacité de ces vaccins, ceux actuellement disponibles ayant été conçus pour protéger les individus contre le variant BA5, majoritaire l’an dernier. Les deux principaux laboratoires fabricants de vaccins à ARNm contre la Covid-19, les firmes américaines Pfizer et Moderna, sont donc en train d’élaborer des vaccins spécialement adaptés au variant XBB.1.5, qui devraient être disponibles à l’automne. Jeudi dernier, les deux laboratoires ont toutes deux affirmé que leurs nouveaux vaccins sont également efficaces contre le variant Eris.
Enfin, le retour de la Covid-19 implique également celui du port du masque. Plusieurs établissements hospitaliers à travers la France ont décidé de rendre à nouveau obligatoire le port du masque pour le personnel et les visiteurs, notamment pour éviter qu’un trop grand nombre de soignants soient en arrêt maladie en même temps, alors que de nombreux hôpitaux sont en manque d’effectifs cet été.
Interrogé ce samedi sur la possibilité de rétablir le port du masque obligatoire dans certains lieux publics, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau n’a pas totalement fermé la porte à cette hypothèse, même s’il la juge prématurée pour le moment. Il estime pour l’instant préférable d’inciter les Français à porter le masque lorsqu’ils présentent des symptômes ou qu’ils sont en contact avec des personnes fragiles. « Il faut que l’on se dise tous que porter le masque c’est quelque chose de banal, qui doit être un réflexe ». Un réflexe que l’on a tous un peu perdu depuis un an.
Quentin Haroche
