
Paris, le vendredi 11 août 2023 – Si les derniers chiffres confirment une légère reprise de l’épidémie de Covid-19, la situation n’est pas jugée alarmante par les autorités.
On la pensait définitivement sortie de nos vies depuis près d’un an, voilà que la Covid-19 revient, bien décidée à gâcher notre été. Santé Publique France (SPF) et les épidémiologistes le confirment : la France est bien touchée depuis quelques semaines par une reprise épidémique. Notre pays n’est d’ailleurs pas le seul touché, l’épidémie repartant également à la hausse aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et au Japon.
Comme nous l’avions déjà évoqué dans un précédent article, il n’est désormais plus possible de suivre cette vague aussi précisément que les précédentes, en observant au quotidien la litanie des chiffres des contaminations, hospitalisations et décès. La surveillance épidémiologique continue menée via les systèmes SI-DEP (tests) et SI-VIC (hospitalisations), a en effet cessé depuis le 1er juillet dernier.
Pour suivre le cours de l’épidémie, il ne reste plus que les données parcellaires du système de surveillance SURSAUD, qui permet de connaitre approximativement le nombre de passages aux urgences et de consultations SOS Médecins pour Covid-19. Un recul de la surveillance épidémique qui révulse les épidémiologistes. « Nous avons aujourd’hui à peu près la même visibilité sur le virus qu’avant le premier confinement, il est impossible avec les moyens actuels de connaitre l’ampleur exacte de la vague » commente l’épidémiologiste Mircea Sofonea.
Ruée sur les tests à Bayonne
Reste que les chiffres parcellaires dont l’on dispose confirment la reprise de l’épidémie. Les passages aux urgences pour suspicion de Covid-19 ont ainsi augmenté de 56 % chez les moins de deux ans, 25 % chez les 15-74 ans et 34 % chez les plus de 75 ans la semaine du 31 juillet. « L’incidence des cas de Covid-19 présentant des signes respiratoires vus en consultation de médecine générale est en augmentation depuis trois semaines » confirme SPF. Toujours sur la semaine du 31 juillet, le taux d’incidence nationale est estimé à 20 cas pour 100 000 habitants, contre 14 cas il y a une semaine et 10 cas il y a deux semaines. Le taux de positivité au SARS-Cov-2 des patients âgés de 15 à 64 ans consultant pour une infection respiratoire est monté à 35 %.
Au-delà des chiffres, la reprise épidémique est également constatée sur le terrain par les professionnels de santé. Nombreux sont les pharmaciens qui témoignent d’une recrudescence des demandes d’autotests et de masques, produits qui n’étaient plus du tout demandés depuis des mois. Les grands rassemblements sont évidemment propices aux contaminations. Les fêtes de Bayonne fin juillet, au cours desquels plus 1,3 millions de personne se sont rendus dans la cité basque, ont ainsi provoqué une ruée vers les tests.
Le variant Eris responsable de la vague actuelle ?
Cette nouvelle vague épidémique en France et en Europe pourrait notamment s’expliquer par l’apparition d’un nouveau sous-variant d’Omicron, le EG.5.1, aussi appelé variant Eris. Selon les dernières données de génomique, ce mutant serait en passe de devenir majoritaire et de remplacer le précédent variant dominant XBB.
Dans le passé, chaque arrivée d’un nouveau variant a été accompagnée d’une hausse des contaminations. Ce nouveau variant Eris ne semble cependant pas plus pathogène que ses prédécesseurs. Autre bonne nouvelle, il semble relativement proche du variant XBB et ne devrait donc pas pouvoir infecter les personnes déjà immunisées contre ce variant. Les laboratoires Moderna et Pfizer préparent d’ailleurs actuellement de nouvelles versions de leur vaccin contre la Covid-19, adaptées au variant XBB, qui devraient être disponibles pour la prochaine campagne vaccinale à l’automne.
Quoi qu’il en soit de ce nouveau variant, la vague actuelle reste relativement modérée. La hausse des contaminations n’a pour l’instant eu aucun impact sur les hospitalisations conventionnelles ou en soins intensifs. SPF estime que l’incidence « reste à un faible niveau » et la Pr Brigitte Autran, présidente du comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars) considère que « cette recrudescence n’est pas très inquiétante ». Cette vaguelette épidémique prouve en tous les cas que, même s’il n’est plus au centre de nos vies, le SARS-Cov-2 continue de circuler et n’est pas près de disparaitre. « Nous devons malheureusement nous habituer à ces retours périodiques du Covid dans nos vies car le virus continue de circuler activement » conclut l’épidémiologiste Antoine Flahault.
Quentin Haroche