
Depuis plus de 60 ans, des études observationnelles suggèrent une association entre la bronchiolite à VRS (virus respiratoire syncytial) pendant la première année de vie et le développement d’un asthme de l’enfant. La bronchiolite n’affecte toutefois qu’une minorité d’enfants infectés par le VRS, il s’agit d’une forme clinique sévère de l’infection. D’autre part, la relation mise en évidence dans les études observationnelle est susceptible d’être influencée par des facteurs confondants, et ne permet pas d’établir une relation causale entre une infection sévère à VRS et la survenue d’un asthme dans l’enfance.
Une étude de cohorte prospective sur plus de 1 500 enfants
Une équipe états-unienne a réalisé une vaste étude de population (INSPIRE), incluant plus de 1 700 enfants nés en bonne santé entre juin et décembre 2012 ou juin et décembre 2013. Les données de suivi attestaient de la survenue ou de l’absence d’une infection par le VRS au cours de la première année de vie par une surveillance passive et active. Les enfants ont été suivis pendant 5 ans. Le critère principal était la présence d’asthme à l’âge de 5 ans.
Au total, 54 % des enfants ont présenté une infection à VRS pendant leur première année de vie, toute gravité confondue, attestée par PCR sur les sécrétions nasales ou par sérologie.
Davantage d’asthme avec le VRS, même sans bronchiolite
Les données montrent que les enfants non infectés par le VRS ont un risque réduit d’asthme dans l’enfance, en comparaison avec ceux ayant été infectés : l’absence d’infection par le VRS est associée à une réduction de 26 % du risque d’asthme à 5 ans (16 % vs 21 % ; RR ajusté 0,74 ; 95 % CI 0,58 à 0,94). Cette association est âge-dépendante et gravité-dépendante.
Selon les auteurs, les interventions qui permettent de prévenir, de retarder ou de diminuer la gravité de l’infection initiale à VRS doivent être considérées comme des stratégies réduisant potentiellement la prévalence de l’asthme de l’enfant au niveau populationnel. Ils admettent toutefois que le lien de causalité ne peut encore être affirmé.
Si cette étude suggère aussi que l’infection par le VRS dans la petite enfance est probablement associée à un phénotype d’asthme non atopique, le nombre d’enfants inclus dans cette analyse secondaire s’avère insuffisant pour le certifier.
Dr Roseline Péluchon