Parfois un manque de fiabilité de l’index de carcinose péritonéale établi en peropératoire

Dans les carcinoses péritonéales disséminées secondaires à un cancer colorectal, la chirurgie de cytoréduction associée à la chimiothérapie hyperthermique intrapéritonéale (CCR-CHIP) est le traitement le plus agressif. Les 2 facteurs pronostiques essentiels sont alors la perfection de la CCR et l’index de carcinose péritonéale (ICP) de Sugarbaker. L’ICP est évalué par le chirurgien au cours de la CCR-CHIP en scorant de 0 à 3 suivant leur taille macroscopique (0 à > 5 cm) le plus gros implant tumoral dans 9 régions abdominopelviennes (par ex. hypocondre droit, épigastre, centre) et 4 segments de l’intestin grêle (par ex. jéjunum supérieur, iléon supérieur, iléon inférieur), soit un score allant de 0 à 39. En cas de doute sur la malignité d’une lésion, un examen histologique extemporané est demandé. L’ICP est utilisé pour décider la mise en route de la CCR-CHIP ce qui est fait lorsqu’il est inférieur à 20 tandis que l’on n’institue dans les autres cas qu’un traitement palliatif. Le but de ce travail néerlandais était d’évaluer la fiabilité macroscopique de l’ICP (ICPM) en le comparant à l’ICP histologique (ICPH).

Tous les malades traités dans le centre de Rotterdam entre 2015 et 2018 ont été inclus sauf ceux avec des métastases extra-abdominales ou ayant plus de 3 métastases hépatiques, regardées comme une contre-indication à la CCR-CHIP. Une cœlioscopie peropératoire a été pratiquée pour scorer l’ICP et, en cas de score < 20, la CCR-CHIP a été entreprise. La CCR a alors consisté à réséquer la lésion primitive si elle était encore en place, tous les organes atteints non vitaux, la paroi envahie et tous les implants péritonéaux résécables ainsi que, de manière systématique, la totalité du grand épiploon.

Une surestimation clinique

Un nouvel ICP a été réalisé après CCR ; CC0 s’il n’y avait plus de lésions macroscopiques, CC1 en cas de nodules persistants < 2,5 mm, CC2 si ces nodules mesuraient entre 2,5 et 25 mm, CC3 au-delà de 25 mm. La CHIP a fait appel à la mitomycine C ou à l’oxaliplatine combinés à de l’acide folinique et du 5-fluoro-uracile, le tout préchauffé à 42° et laissé en place 30 à 90 mn. Toutes les lésions enlevées avec mention de leur site et de leur taille ont été adressées au laboratoire pour établir un ICPH.

Alors que l’ICPM médian était de 11, l’ICPH moyen n’a été que de 8, la surestimation clinique affectant toutes les régions de l’abdomen (sauf l’épigastre) et la différence de score dépassait 5 points chez 21 patients. C’est sur les petites lésions scorées 1 que les erreurs sont les plus fréquentes (38 % ne sont pas malignes au microscope) alors que la surévaluation ne concerne que 4 % des implants volumineux scorés 3. La différence d’appréciation est moindre chez les malades dont la tumeur colorectale a été réséquée dans un premier temps. En revanche, la rétrogradation du score ne retentit guère sur le pronostic, sauf sur la survie à 3 ans des ICP de 6 à 10, qui passe de 37 % pour les ICPM à 64 % pour les ICPH.

Ainsi, la fiabilité de l’index de carcinose péritonéale établi par le chirurgien est-elle loin d’être optimale.

Dr Jean-Fred Warlin

Référence
De Boer NL et coll. : The accuracy of the surgical peritoneal cancer index in patients with peritoneal metastases of colorectal cancer. Dig Surg., 2021;38:205-211. doi: 10.1159/000513353.

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