La myectomie septale pour CMH obstructive diminue le risque de FA de novo

La fibrillation atriale (FA) est le trouble du rythme le plus commun dans le cours de l’évolution d’une cardiomyopathie hypertrophique (CMH). Elle est responsable d’une importante morbidité et notamment d’accident vasculaire cérébral (AVC) embolique.

On connait mal l’impact que peuvent avoir l’obstruction de la chambre de chasse du ventricule gauche (VG) et la myectomie septale chirurgicale sur le développement d’une FA de novo.

Pour tenter de le déterminer, Rowin et coll. ont étudié une série de patients consécutifs qui avaient une CMH mais étaient initialement indemnes de FA. Parmi ces patients : 717 avaient une CMH obstructive non traitée par myectomie septale chirurgicale (gradient de la chambre de chasse du VG  ≥ 30 mm Hg au repos ou après test de provocation) ; 555 avaient une CMH non-obstructive (gradient de la chambre de chasse du VG < 30 mm Hg) ; 503 avaient bénéficié d’une myectomie septale chirurgicale.

La durée du suivi est de 5 ± 3,6 ans. Il apparaît que les patients avec une CMH obstructive non traitée par myectomie septale chirurgicale étaient exposés à un risque 1,5 fois supérieur d’apparition d’une FA de novo par rapport aux patients ayant une CMH non-obstructive  (26 % vs 16 % à 10 ans ; hazard ratio  0,69 ; p = 0,02).

Un risque qui rejoint celui auquel expose une CMH non obstructive

Comparés aux patients présentant une CMH obstructive non traitée par myectomie septale chirurgicale, ceux qui avaient bénéficié d’une myectomie septale chirurgicale étaient plus souvent en insuffisance cardiaque évoluée  (95 % vs 18 % étaient en classe fonctionnelle III de la New York Heart Association* ; p <0,001) et avaient une oreillette gauche plus dilatée (42 ± 7 vs 41 ± 7 mm; p <0,01).

Cependant, après la myectomie, le risque de FA de novo était significativement plus faible que celui des patients dont la CMH obstructive n’avait pas été opérée (17 % vs 26 % à 10 ans ;  p = 0,04) mais ne différait pas significativement de celui des patients qui avaient une CMH  non obstructive  (hazard ratio 0,95 ; p = 0,81).

En conclusion, les patients qui ont une CMH obstructive ont un plus grand risque de développer une FA que les patients qui ont une CMH non obstructive.

La myectomie septale chirurgicale réduit substantiellement le risque de FA de novo ; cette action bénéfique sur la FA  s’ajoute à l’action favorable de l’intervention sur : la levée de l’obstruction de la chambre de chasse du VG, la disparition de l’insuffisance mitrale, l’amélioration des symptômes de l’insuffisance cardiaque et  l’allongement de la longévité.

Pour mémoire : *établie en 1928, la classification fonctionnelle de la New York Heart Association permet, en présence d’une maladie cardiaque, la classification de la sévérité de l'insuffisance cardiaque en 4 quatre catégories  selon la limitation de l’effort : I- ni symptôme ni  limitation dans les activités de la vie courante ; II- symptômes légers (dyspnée et/ou angor) avec légères limitations lors d'activités de la vie quotidienne ;  III- limitations marquées des activités de la vie quotidienne par des symptômes (le patient ne se dit confortable qu’au repos) ; IV- limitations sévères et symptômes présents même au repos, confinant le patient  au lit.

Dr Robert Haïat

Référence
Rowin EJ et coll. : Ventricular Septal Myectomy Decreases Long-Term Risk for Atrial Fibrillation in Patients With Hypertrophic Cardiomyopathy. Am J Cardiol., 2022 ; 179:70-73. doi.org/10.1016/j.amjcard.2022.05.032

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