
Paris, le mercredi 9 décembre 2020 - La cohorte AGRICAN
composée de près de 180 000 agriculteurs affiliés à la MSA
(Mutuelle sociale agricole) et vivant dans un département disposant
d’un registre des cancers, publie le troisième volet de son étude
débutée en 2005.
L’objectif de cette cohorte est d’étudier les expositions
professionnelles agricoles qui peuvent avoir une influence sur la
santé de ces professionnels.
En préambule, soulignons que toutes causes confondues, les
hommes et les femmes de la cohorte ont une mortalité inférieure de
25% à celle de la population générale. Cette moindre mortalité en
milieu agricole est observée pour la plupart des causes de décès.
Néanmoins, les auteurs rappellent que « cet état de santé des
membres de la cohorte, globalement meilleur que celui de la
population générale des départements concernés, s’explique d’une
part par un tabagisme nettement moindre que dans la population
générale et d’autre part, par un phénomène décrit par les
épidémiologistes sous le terme d’effet du travailleur sain
».
Les agriculteurs sujets à certains cancers rares
La survenue de 43 types de cancers a été comparée aux taux
observés dans la population générale. Sur la période de suivi,
entre 2005 et fin 2015, 18 616 nouveaux diagnostics de cancers ont
été enregistrés parmi les participants de la cohorte AGRICAN (6 590
femmes et 12 026 hommes). Si les cancers sont légèrement moins
fréquents chez les hommes (-7%) et chez les femmes (-5%) de la
cohorte, six cancers ont été retrouvés plus fréquemment (voir
figure 1).

Les chercheurs évoquent notamment « un lien possible entre
l'exposition aux pesticides et le cancer de la prostate (+ 3 %),
une hypothèse qui est cohérente avec le résultat de nombreuses
autres études ». Ainsi, les arboriculteurs « réalisant des
traitements pesticides ou des récoltes sur plus de 25 ha avaient un
doublement de risque de cancer de la prostate ». Le risque
était majoré de 20 % chez les personnes utilisant des insecticides
sur bovins et de 10 % chez les éleveurs de porcs.
Ces travaux ont également confirmé une augmentation de 40% du
risque de maladie de Parkinson en lien avec l’utilisation de deux
molécules pesticides de la famille des dithiocarbamates (zinèbe et
zirame).
Xavier Bataille