
Paris, le mercredi 2 mars 2016 – Le tétanos développé par un petit garçon dans la région de Tours cet été a mis en lumière le phénomène des faux certificats de vaccination. Le carnet de santé de l’enfant certifiait en effet qu’il avait été dûment vacciné contre le tétanos, alors que les analyses biologiques démontraient le contraire et que la vaccination en urgence de ses frères et sœurs semblait confirmer un manquement. Le médecin probablement à l’origine de ce faux certificat a écopé d’une suspension de dix-huit mois prononcée par l’Ordre des médecins. D’autres praticiens cependant continueraient partout en France à tamponner les carnets sans pratiquer la vaccination. Trouver leur adresse est loin d’être difficile : un rapide passage sur internet permet de consulter des forums où s’échangent les adresses de praticiens complaisants. Une journaliste de France 2 pour le magazine Complément d’enquête en a récemment fait l’expérience. C’est grâce à Google qu’elle a pu se rendre, accompagnée de sa fille, en âge de bénéficier de son premier rappel de vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite, chez un médecin généraliste homéopathe présenté par les internautes comme susceptible de remplir le carnet de santé sans réaliser l’injection. De fait, le praticien propose rapidement à la mère de remplacer le vaccin classique par des granules présentées comme un « vaccin homéopathique », une méthode assure-t-il qui « immunise plutôt mieux, parce que le corps humain aime les préparations douces ». Quid du carnet de santé, s’inquiète la mère (la vaccination contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite étant indispensable pour l’inscription à l’école) ? « Techniquement, il y a ma signature, il y a le nom du vaccin, Infanrix. Et puis, c’est notre problème à tous les trois que ce vaccin soit à dose homéopathique. Il faut être discret. Si vous n’êtes pas discret, les autres, ils vous forcent à refaire la piqûre. Il ne faut pas s’en vanter, voilà ! », répond le praticien.
Amalgame
Ces quelques minutes filmées en caméra cachée ont suscité l’indignation du Syndicat des médecins homéopathes qui refuse l’amalgame que tendraient à créer ces images entre praticiens homéopathes et production de faux certificats de vaccination. « Le SNMHF, Syndicat national des médecins homéopathes français, réagit avec force à la suite de l'émission "Complément d'enquête", diffusée le 25 février 2016 sur France 2, mettant en cause un praticien se disant homéopathe. On y voit ce médecin, filmé en caméra cachée, établir un faux certificat de vaccination : cet acte est réprimé par le code de déontologie médicale et par la loi qui s'appliquent à tout médecin, quelle que soit son expertise, la vaccination étant, en France, une obligation légale » indique l’organisation, qui juge par ailleurs que « Les explications données, en commentaire de la prescription d’un "vaccin homéopathique" ne correspondent à aucune pratique validée ».
L’urgence de cette réaction était justifiée car ce n’est pas la première fois qu’un lien peut être établi entre médecine homéopathique et hostilité à la vaccination : le médecin épinglé à Tours étant lui-même adepte de cette pratique.
Le risque d’amalgame n’est pas le seul danger
Certains pourraient juger que pour être plus convaincant le communiqué du syndicat des médecins homéopathes aurait peut-être dû insister sur la nécessité et l’efficacité de la vaccination (et non sur son seul caractère légal). On y lit en effet seulement que « le Syndicat national des médecins homéopathes français rassemble les médecins libéraux qui considèrent que l’homéopathie apporte une réponse thérapeutique à la plupart des pathologies, en alternative ou en complémentarité des autres techniques médicales, auxquelles elle ne s’oppose pas ».
Enfin, au-delà de la colère des médecins homéopathes, ces images de France 2 serviront on l’espère de nouveau signal d’alerte pour les autorités sanitaires et ordinales sur cette question d'importance.
Aurélie Haroche