
Paris, le jeudi 11 octobre 2018 – Longtemps attendu, le guide
pratique du CNOM (Conseil national de l’Ordre des médecins) pour
aider les praticiens à préserver leur réputation sur internet a
finalement été publié, hier.
Le document est complété d’un tutoriel interactif visant à
apporter « des réponses concrètes aux médecins confrontés à un
enjeu de réputation numérique ».
Les médecins sont depuis quelques années au cœur d’un
paradoxe, comme le rappelle l’Ordre : « l’acte professionnel
d’un médecin ne saurait en aucun cas être assimilé à une simple
prestation de service », mais pour autant, il n’est pas illégal
pour un patient de poster en ligne « un avis concernant un
médecin », comme il le ferait d’un restaurant ou d’un plombier.
Ainsi, le CNOM souligne que « si les systèmes de notations et
d’avis sur les professionnels peuvent choquer certains et laisser
entrevoir un glissement des patients vers le consumérisme médical,
ils ne sont pas en soi illégaux. La seule qualité de médecin ou de
professionnel de santé ne justifie pas une interdiction de
publication d’avis ou propos le concernant ».
Aussi, seuls les abus pourront faire l’objet de sanctions. A
l’instar de toutes autres personnes visées par des commentaires
négatifs ou inappropriés, les médecins disposent de différents
moyens d’actions juridiques afin de limiter l’atteinte subie et
obtenir réparation de leur préjudice.
Faire disparaître des avis malveillants : pas si simple !
Dès lors comment préserver sa e-réputation quand on est
médecin ? En premier lieu, ce guide recommande aux médecins de
réaliser une véritable veille (encore du temps médical perdu…) «
afin d’avoir un aperçu aussi complet que possible de votre image
numérique ». « Il sera ainsi judicieux, dans l’idéal et en
fonction du temps disponible, de : mettre en place une veille une
fois par mois au moyen de recherches par mots-clés sur les moteurs
de recherche principaux, les sites spécialisés, les réseaux sociaux
; créer un compte personnel sur ces sites pour permettre d’une part
de maîtriser les informations disponibles et d’autre part de
pouvoir répondre directement en ligne à certains avis, si c’est la
stratégie adoptée » précise le texte.
L’Ordre recommande également de souscrire une garantie
e-réputation auprès de son assurance
professionnelle.
Le médecin, comme tout autre internaute, bénéficie par
ailleurs du droit de s’opposer a posteriori à l’exploitation et à
la publication de données personnelles et de demander la
suppression d’une fiche professionnelle. Pour maintenir cette
fiche, l’éditeur du site devra démontrer l’existence de motifs
légitimes et impérieux prévalant sur l’intérêt, le droit ou les
libertés du praticien, ce qui ne sera pas aisé selon l’Ordre étant
donné qu’il existe déjà des annuaires publics de professionnels de
santé (CNOM, Ameli, etc.).
Pour autant, tout n’est pas si simple au pays des Big Data :
il est en effet nécessaire, pour exercer ce droit, de justifier sa
demande et en cas de refus de se pourvoir devant la CNIL ou
l’autorité judiciaire.
Ainsi, un chirurgien-dentiste a récemment obtenu en référé la
suppression de sa fiche sur la plateforme Google My
Business, après que la firme américaine a refusé de respecter
son droit d’opposition.
Guide pratique de l’Ordre des médecins :
https://www.conseil-national.medecin.fr/sites/default/files/cnom_guide_pratique_e-reputation.pdf
Xavier Bataille