
C’est ainsi qu’en août 2016, la FDA a approuvé le système dit Minimed 670G (Medtronic)- qui rentre dans cette catégorie - chez les patients atteints d’un diabète de type 1 dès lors que leur âge est ≥14 ans. Un tel système fait intervenir un algorithme pour ajuster de manière automatique les doses d’insuline en fonction de la glycémie mesurée en continu par des capteurs perfectionnés. Il ne s’agit pas stricto sensu d’un pancréas artificiel, car cette pompe hybride peut nécessiter quelques ajustements effectués par les patients eux-mêmes, notamment pour modifier les bolus d’insuline selon les circonstances.
Une pompe hybride en circuit fermé
Ces systèmes semblent efficaces à court terme, mais leurs résultats en termes d’efficacité et de sécurité d’emploi à long terme exigent à l’évidence plus de recul et c’est là tout l’intérêt d’un essai randomisé international d’une durée de six mois, intitulé IDCL (International Diabetes Closed Loop). La pompe hybride en circuit fermé testé dans l’étude est dite Control-IQ (Tandem Diabetes Care) et a été comparée à une pompe à capteur classique, moins sophistiquée, puisque la première comporte un module dédié pour éviter l’hypoglycémie, capable aussi d’administrer des bolus d’insuline de manière automatique, tout en augmentant les doses de cette dernière pendant la nuit pour que la glycémie du matin soit la plus proche possible des valeurs normales. Là encore, ce système ne saurait fonctionner de manière totalement automatique, même quand il est programmé en « auto », le patient guidant la pompe en fonction de sa consommation de glucides lors d’un repas ou encore de la glycémie mesurée au bout du doigt pour « corriger le tir » en cas de dérive métabolique.L’essai international multicentrique IDCL a inclus 168 patients atteints d’un diabète de type 1, âgés de 14 à 71 ans, qui ont été répartis par tirage au sort (2 :1) en 2 groupes : (1) la pompe hybride en circuit fermé (n= 112) ; (2) pompe à capteur classique (n=56). Le critère d’évaluation principal était le pourcentage de temps passé avec une glycémie située dans l’intervalle thérapeutique, soit 0,70 à 1,80 g/l, cette dernière étant mesurée en continu dans les deux systèmes comparés.
Plus de temps dans la fourchette thérapeutique
Les taux d’HbA1c à l’état basal étaient compris entre 5,4 % et 10,6 %. Tous les participants ont terminé l’étude. Dans le groupe 1, le pourcentage de temps passé dans la fourchette thérapeutique était à l’état basal de 61±17 % ; il a augmenté à 71 ± 12 % durant les six mois de l’essai, tandis qu’il est resté inchangé dans le groupe 2, soit 59 ± 14 %. La différence intergroupe moyenne ajustée a été de 11 points de pourcentage en valeur absolue (intervalle de confiance à 95 % [IC 95%], 9 à 14 ; p < 0,001).Pour ce qui est des critères secondaires, l’avantage est
également à la pompe hybride en circuit fermé. Ainsi, le
pourcentage de temps passé en hypoglycémie (< 0,70 g/l) s’est
avéré inférieur avec cette dernière, la différence moyenne étant de
-0,88 points (IC 95%, -1,19 à -0,57; p < 0,001). En ce qui
concerne l’hémoglobine glyquée, là encore avantage à la pompe
hybride en circuit fermé, avec au terme de 6 mois, une différence
de -0,33 point de pourcentage (IC 95%, -0,53 à -0,13; p = 0,001).
Le système testé a fonctionné en mode boucle fermée la plupart du
temps, le pourcentage médian correspondant sur 6 mois étant estime
à 90 % : en d’autres termes, le patient n’a pas eu à communiquer sa
glycémie pour modifier les bolus d’insuline dans ce long laps de
temps. Aucune hypoglycémie sévère n’a été constatée quel que soit
le groupe.
Un seul épisode de coma acidocétosique est survenu dans le
groupe traité.
Une étape de plus vers le pancréas artificiel
Cette étude est une étape de plus vers le pancréas artificiel,
même si le système testé en est encore éloigné. Les pompes hybrides
en circuit fermé gagnent progressivement en maturité, mais
l’automatisme total n’est pas encore au programme. Certes, le temps
passé avec une glycémie située dans l’intervalle thérapeutique est
allongé avec en corollaire un moindre risque de complications
dégénératives à long terme, mais il reste quelques obstacles à
franchir avant que cette technique soit utilisable par le plus
grand nombre.
Dr Peter Stratford