
A la fin de l’année 2021, plusieurs agences réglementaires, aux Etats-Unis, en Europe et au Royaume-Uni, ont accordé une autorisation d’accès précoce au molnupiravir pour le traitement des formes légères à modérées de Covid-19 chez les personnes à risque de progression vers une forme sévère. Ce ne fut pas le cas en France où l’autorisation d’accès précoce à la spécialité fut refusée par la HAS. Le molnupiravir est un antiviral oral à large spectre, destiné initialement au traitement de la grippe
L’essai randomisé contrôlé à l’origine de la demande d’autorisation avait été réalisé chez des personnes non vaccinées, avant l’apparition du variant omicron. Depuis, un essai pragmatique, réalisé à « l’ère d’omicron » et incluant des personnes vaccinées, n’avait pas permis de confirmer les bénéfices de la molécule en termes de réduction du nombre d’hospitalisation et de décès.
Une équipe états-unienne a réalisé une émulation d’essai clinique (autrement dit une simulation à partir de dossiers de santé électroniques) qui a inclus près de 86 000 adultes présentant une infection par le SARS-CoV-2 et ayant au moins un facteur de risque de progression vers une forme sévère. Parmi eux 7 818 ont reçu le molnupiravir, les autres n’avaient pas de traitement.
Réduction du nombre d’hospitalisations et de décès à 30 jours
Les données suggèrent que le molnupiravir est associé à une réduction du nombre des hospitalisations et des décès à 30 jours (risque relatif RR 0,72 ; intervalle de confiance à 95 % IC95 0,64 à 0,79), en comparaison avec l’absence de traitement. Dans le groupe ayant reçu le molnupiravir, l’incidence des hospitalisations ou des décès à 30 jours est de 2,7 %, en comparaison avec 3,8 % dans l’autre groupe. La réduction du risque absolu est de 1,1 % (IC95 0,8 % à 1,4 %).
Le risque relatif est réduit chez les personnes non vaccinées, chez celles qui ont reçu une ou deux doses de vaccins ainsi que les rappels, pendant la prédominance des sous-variants BA.1, BA.2 ou BA.5 et que les patients aient ou non des antécédents d’infection par le SARS-CoV-2.
Enfin, les données suggèrent aussi une efficacité quel que soit l’âge du patient, chez les hommes et les femmes, que le patient soit ou non atteint d’un cancer, d’une pathologie cardiovasculaire, d’une insuffisance rénale chronique ou d’un diabète.
Dr Roseline Péluchon