Polémique stérile sur les hommes enceints

Paris, le lundi 22 août 2022 – Une affiche du Planning familial sur les hommes enceints a été l’objet de vives critiques sur les réseaux sociaux.

Vous qui pensez naïvement que seules les femmes peuvent être enceintes et porter un enfant, sachez que vous commettez une erreur funeste.

Par un dessin étonnant qui présente un couple d’hommes dont l’un a le ventre arrondi, le Planning Familial nous rappelle qu’« au Planning, on sait que des hommes aussi peuvent être enceints ». En effet, un homme transsexuel qui a conservé ses organes génitaux féminins peut enfanter et donner la vie (ce qui n’est d’ailleurs pas sans poser des problèmes juridiques).

Au départ destiné à illustrer une campagne du Planning Familial sur la diversité de la communauté LGBT, le dessin a été republié par son auteur mercredi dernier sur Twitter, provoquant une polémique disproportionnée dont seuls les réseaux sociaux ont le secret.

Plusieurs élus et militants d’extrême droite ont ainsi profité de ce dessin pour exprimer toute leur haine du Planning Familial, accusé de nier la réalité biologique et de défendre la théorie du genre et ont ainsi demandé l’arrêt des subventions publiques à cette association.

« Le planning familial s’éloigne de plus en plus de sa mission originale pour devenir une courroie de transmission des militants de la théorie du genre » s’inquiète l’eurodéputé Rassemblement National (RN) Thierry Mariani.

« Une société, une civilisation menacent de disparaître quand elles récusent leurs valeurs, leur identité et sombrent dans le relativisme » prophétise, un brin excessif, le porte-parole du RN Philippe Ballard.

Un « transactivisme » qui dérange

Si les attaques les plus virulentes contre ce dessin du Planning Familial sont venues de l’extrême-droite, des militantes féministes se sont également émues de ce dessin, représentatif, selon la philosophe Valérie Kokoszka d’une « idéologie transactiviste » qui « efface concrètement la femme biologique ».

« J’ai peur que le Planning Familial devienne une officine transactiviste où l’on distribue des hormones comme des bonbons à des ados perdues en leur présentant la transition comme le remède à tous leurs maux » explique la militante féministe Marguerite Stern, qui s’insurge par ailleurs que toutes les critiques portées contre le Planning Familial soient qualifiées d’extrémistes.

De fait, l’association a tenu à réagir à cette polémique par un communiqué publié ce vendredi, dans lequel elle se dit victime d’ « une attaque extrêmement violente de personnalités d’extrême-droite » et explique envisager des actions en justice contre « ces instigateurs de haine ».

Face aux accusations de déni de réalité, elle rappelle que « parmi les plus de 300 000 personnes que nous accueillons tous les ans, des personnes trans nous demandent conseil pour la contraception, l’avortement et le suivi médical de leur transition ».

Le Planning Familial a depuis reçu le soutient de plusieurs personnalités politiques de gauche, comme la maire de Paris Anne Hidalgo ou la députée EELV Sandrine Rousseau.

Le pénis est-il un organe masculin ?

Ce n’est pas la première fois que le Planning Familial est au cœur des polémiques. Depuis quelques années, certains s’inquiètent de l’arrivée dans l’association de militantes prônant un féminisme intersectionnel et radical, en rupture avec le féminisme universaliste promu depuis les années 1960.

En 2018, l’antenne des Bouches-du-Rhône de l’association avait ainsi défendu le port du voile islamique et relativisé l’excision, relevant selon les militantes du « libre choix de chacun-e ».

L’année suivante, il avait été proposé lors d’un congrès de retirer toute référence à la laïcité dans la charte de l’association et de « travailler sur la blanchité du mouvement ».

Bien que ces propositions aient finalement été rejetées, le féminisme radical continue de progresser au sein du mouvement et de faire évoluer les terminologies.

Ainsi, dans le « lexique trans » proposé sur le site du Planning Familial, il est indiqué que les mots « masculin » et « féminin » doivent être proscrits, qu’ « il est important de comprendre qu’un homme gay peut avoir une vulve » et que « le pénis n’est pas un organe masculin ».

Comprenne qui pourra.

Quentin Haroche

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Vos réactions (12)

  • Le planning n'a rien compris ...

    Le 22 août 2022

    Oui , le planning n'a rien compris à sa mission : aider les français à réguler leur procréation, il me semble que c'est sa mission principale et sa raison d'être, mais je ne connais ni ses statuts ni ses tutelles (il y en a une car il fonctionne sur fonds publiques).
    En 2022 il y a encore 220 000 avortements en France, pour plusieurs raisons, mais on voit que le planning a encore du travail (qu'il n'a d'ailleurs pas su faire depuis des décennies diront les cyniques au vu de ces résultats désastreux ), et c'est un travail de masse.
    Alors quel est l'intérêt de gaspiller des ressources pour un travail de niche, avec une communication débile qui n'a qu'un résultat contre productif :
    - faire parler du planning... pour demander sa fermeture ! Alors qu'on a encore une masse d'avortements à éviter, voire à gérer avec la pénurie de centres IVG.
    - faire remonter des informations dont il se serait bien passé (mais je remercie le JIM de m'avoir mis au courant !) : des militantes veulent revenir sur la laïcité, sur la condamnation de l'excision, sur la terminologie, sur la politique, etc ; rien que pour ça le planning se discrédite.
    - se défendre bêtement en parlant de discours de haine (mais à quoi s'attendaient-ils ? et si ces discours sont repris par des imams que vont ils leur répondre ?)
    - pire que tout : dégoûter ses propres militant(e)s qui croient - comme la majorité des français - en sa mission fondamentale d'informer et d'orienter des jeunes sur la procréation, et qui ne se reconnaissent pas dans cette communication malvenue.

    Dr François Chassaing


  • Brouillard cérébral et genre-attitude

    Le 23 août 2022

    "En effet, un homme transsexuel qui a conservé ses organes génitaux féminins peut enfanter et donner la vie (ce qui n’est d’ailleurs pas sans poser des problèmes juridiques)."
    Donc en résumé le fameux "homme enceint" est bien une femme.
    Marre de ce mouvement qui ne dit pas son nom et qui veut brouiller ce qui va de soit dans la nature depuis des millénaires : les femmes et les hommes qui constituent l'immense part de la population.
    Depuis quand l'exception devient-elle la règle ???

    Mme Zahia Chardin

  • Accepter les differences ou les combattre ?

    Le 23 août 2022

    Depuis des années, les groupes actifs sur les problèmes de sexualité demandent que "leurs différences soient acceptées, ce qui est de plus en plus le cas. Encore faudrait il qu'eux mêmes les acceptent. Les acrobaties juridiques pour se rapprocher le plus possible des possibilités parentales des "normaux", les traitements hormonaux pour être sans être tout en étant, etc, montrent un désir de copier-combattre les êtres humains qui n'ont pas leurs interrogations. Tout en étant souvent "écolos et proches de la Nature". Il serait temps d'accepter l'idée de l’échec dans certaines situations. Quand on n'a pas les organes ni les pulsions sexuelles qu'il faut, on ne peut pas se reproduire. C'est la Nature.

    Maignan, pharmacien.

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