Covid 19 : les asymptomatiques seraient 4 fois moins contagieux
Les formes asymptomatiques de la Covid-19 sont potentiellement
impliquées dans la transmission du SARS-CoV-2 au sein de la
communauté. Cependant, leur potentiel infectieux reste assez mal
appréhendé, les avis les plus divers s’exprimant sur le sujet.
Certains en font grand cas et d’autres le contraire, le principe de
précaution se chargeant du reste. La charge virale en l’absence de
symptômes est probablement plus faible, mais l’on ne peut omettre
le fait qu’il existe des « superprogateurs » de l’infection
et que les symptômes peuvent apparaitre secondairement…
Le tester-tracer-isoler à Singapour a un tout autre sens…
La stratégie « tester-tracer-isoler » a été appliquée à
la lettre à Singapour aussi bien pour les formes symptomatiques et
asymptomatiques de l’infection. Dans certaines activités
industrielles relevant de la construction, du transport maritime ou
de la manufacture, les travailleurs sont considérés comme à haut
risque : à ce titre, la recherche du virus par PCR est effectuée
toutes les une à deux semaines. La positivité du test amène à
tester tous les sujets contacts (en contact étroit pendant au moins
30 minutes avec le cas index à une distance de moins de 2 mètres)
et débouche sur une quarantaine étroitement surveillée.
A la fin de la quarantaine, le sujet n’est libéré que si sa
PCR est négative, faute de quoi l’isolement est prolongé.
Parallèlement, des tests sérologiques sont réalisés chez la plupart
des patients infectés : la séronégativité suggère une contagiosité
supérieure, puisque la charge virale est en règle plus élevée avant
la séroconversion, même s’il ne s’agit pas là d’une loi
universelle.
628 cas index, 3 790 cas contacts
Quels sont les résultats constatés lors de ce type
d’intervention en termes de contagiosité relative des uns et des
autres ?
Une courte lettre datée du 18 décembre 2020 et adressée à
l’éditeur du Lancet répond à la question. Entre le
1er août et le 11 octobre 2020, ont été
identifiés 628 sujets atteints d’une Covid-19 biologiquement
confirmée et 3 790 sujets contacts ont été dépistés selon les
critères signalés en excluant les cas contacts trouvés parmi les
pensionnaires des dormoirs réservés aux travailleurs migrants :
dans ce cas, l’environnement n’avait rien à voir avec celui du
contexte communautaire traditionnel visé dans l’étude. Les
incidence rate ratios (IRRs) ont été calculés à l’aide d’une
analyse par régression binomiale négative après ajustement en
fonction des symptômes et des résultats sérologiques du cas
index.
Peu importe la sérologie du cas index
En moyenne, six membres de la communauté singapourienne ont
été mis en quarantaine pour chaque cas index. Au total, 89 des 3
790 contacts étroits (2 %) ont développé la maladie pendant la
quarantaine. Cinquante d’entre eux (56 %) avaient été isolés en
raison de l’exposition à un cas index asymptomatique, les 39 autres
(44 %) ayant été au contact d’un cas index symptomatique. Dans 43
cas contacts (48 %), le cas index était séronégatif, l’inverse
étant constaté pour les 46 autres cas contacts (52 %).
L’analyse par régression binomiale négative après ajustement
montre que l’IRR en cas de contact étroit avec un cas index
symptomatique, versus asymptomatique était proche de quatre,
soit IRR=3,85 (iC 95% 2,06–7,19; p<0,0001).
Ainsi, les cas index asymptomatiques sont certes
contagieux mais nettement moins que leurs homologues
symptomatiques. Par ailleurs, la proportion de cas contacts
infectés ne semble pas dépendre de la sérologie du cas index :
l’explication réside probablement dans l’exposition régulière voire
quotidienne des travailleurs des secteurs précédemment définis aux
cas index, la transmission de l’agent viral ayant tout lieu de se
produire avant la séroconversion de ces derniers.
Les auteurs concluent cette brève étude en ces termes : là où les
ressources le permettent, le traçage des contacts doit inclure de
manière proactive les formes asymptomatiques de la maladie : c’est
le meilleur moyen pour freiner au maximum sa transmission et briser
ses chaînes. Là où les ressources sont plus limitées, il est
préférable de se focaliser sur les malades symptomatiques qui sont
plus faciles à identifier et à isoler. A Singapour, c’est
assurément la première stratégie qui a été retenue et l’épidémie
est totalement contrôlée à ce jour moyennant des méthodes dignes
d’une autocratie…
Si parmi les asymptomatiques il y a des paucisymptomatiques avec seulement une toux persistante, ou victimes d'éternuements fréquents, ils sont peut-être bien plus contagieux que d'autres ?
JP Moreau, Epidémiologiste en retraite
Prècisions demandées
Le 30 décembre 2020
L'article ne précise pas combien de cas symptomatiques / asymptomatiques parmi les 628 biologiquement positifs au SARS cov 2 : cette donnée aurait été intéressante à connaitre ...
Dr MC Colombo
Portages et contagiosités asymptomatiques
Le 31 décembre 2020
Les INCONNUES concernants les patients ASYMPTOMATIQUES, pourtant MAJORITAIRES, impactent les stratégies de dépistage, d’isolement attenant (théorique), mais aussi les stratégies de priorité vaccinales ou de «passeport » à venir. Ils ont probablement et paradoxalement été SOUS-étudiés en Europe : • Absence d’impact sanitaire PERSONNEL • Implications COLLECTIVES majeures sur la dynamique de transmission Les limites « CULTURELLES » de l’applicabilité, de l’acceptabilité ont été n fois mentionnées. On ne peut prétendre à des résultats identiques en appliquant des stratégies radicalement différentes
1-Le PORTAGE (ARN monobrin dans le nez, la salive ou les selles) ne préjuge PAS de la charge virale et de la CONTAGIOSITE Une REVUE* pragmatique arrétée au 6/6/2020 commence à combler le fossé entre portage PCR & cycles (ARN : Diagnostique) et CONTAGIOSITE (Virus vivace : Epidémiologie) : • 79études incluses dont 6 concernent exclusivement l’enfant (<16ans) : Pas d’analyse distincte • Symptômes , si il y en a : Dans les 12j suivant le contage (97,5%) • Contagiosité MAXIMALE : J5 de l'apparition des symptômes • Contagiosité devient NULLE à J9 en l'ABSENCE d'immunodépréssion :
2- Les réputés « ASYMPTOMATIQUES » : • Sur la base des 12 études analysées* , parfois discordantes , la cinétique de la charge virale augure d’une CONTAGIOSITE IDENTIQUE mais PLUS BREVE : déjà mentionné pour MERS-CoV • Ils ne TOUSSENT PAS , tout comme les pré-symptômatiques : On en attend une contagiosité "moindre" qu'il faudrait savoir distinguer d'une charge virale moindre • Chez l’ ENFANT : L’absence de symptôme est IMPOSSIBLE à affirmer chez les plus jeunes compté tenu de la subjectivité prévisible (Anosmie-Agueusie , Céphalées) • Chez l’ ENFANT : Un travail COREEN majeur (91enfants 11Ans : 0-18A) indique que : « Symptom screening fails to identify most COVID-19 cases in children, and SARS-CoV-2 RNA in children is detected for an unexpectedly long time » : Han MS, Choi EH, Chang SH et coll . Clinical Characteristics and Viral RNA Detection in Children With Coronavirus Disease 2019 in the Republic of Korea. JAMA Pediatr Aug 28 doi:10.1001/jamapediatrics.2020.3988 • Chez l’ ENFANT : Mini revue au 8/5 qui ne colligeait que 69enfants (M:8Ans) PEU ou PAS SYMPTOMATIQUES** : PEU OU PAS D’INFLUENCE sur la DUREE du portage respiratoire sur la base de PCR avant tout QUALITATIVES : 11,1 ± 5,8 j après le début des symptômes 9,4 ± 5,1 en «l’absence de symptôme» , bien difficile à affirmer
• Chez l’ ENFANT , le portage FECAL** est PROLONGE : les selles restent positives (89 %) jusqu’à 28 jours après négativation des prélèvements respiratoires Cet aspect souvent souligné , sans pouvoir en appréhender la signification en terme de contagiosité , ne peut être occultée chez l’enfant EN COUCHE : Ma X, Su L, Zhang Y, Zhang X et coll . Do children need a longer time to shed SARS-CoV-2 in stool than adults?. J Microbiol Immunol Infect. 2020 Jun ;53(3) : 373‐376 doi: 10.1016/j.jmii.2020.03.010
3- Ce qui peut ou va rebattre les cartes des quelques « acquis » : • L’IMMUNO-DEPRIME : Cf JIM 04/12 «SARS-CoV-2, un virus qui « dure » en cas d’immunodépression profonde» Aydillo T et coll. : Shedding of Viable SARS-CoV-2 after Immunosuppressive Therapy for Cancer. New Engl Med., 2020 Dec1 doi:10.1056/NEJMc2031670 • Le(s) VARIANT(S) significatifs : Epidémiologiquement : Contagiosité ACCRUE Zhang, L., Jackson, C.B., Mou, H. et coll . SARS-CoV-2 spike-protein D614G mutation increases virion spike density and infectivity. Nat Commun 2020 Nov 26 ,11, 6013 doi.org/10.1038/s41467-020-19808-4 « PCRrement » : SOUS-diagnostiqués CONTRAIREMENT aux tests antigéniques dont on peut attendre la re-promotion en ajoutant de la fiabilité à la rapidité sans modifier la pénibilité relative . Les FAUX NEGATIFS antigéniques notoires pourraient s’en trouvés diminués ? Cliniquement : A priori SANS impact Vaccinalement : ??
4- Question CLEF SANS REPONSE 1an et 1mois au moins après : Les ASYMPTOMATIQUES bénéficient d’une IMMUNITE NATURELLE acquise MOINDRE ?? Limites cinétiques des « sérologies » Limites techniques de l’évaluation du versant cellulaire T 04 travaux rassurants , concordants accordent aux infectés une immunité humorale MEMOIRE B , précoce et surtout DURABLE (>8MOIS) : G. E. Hartley et coll . RAPID generation of DURABLE B cell MEMORY to SARS-CoV-2 spike and nucleocapsid proteins in COVID-19 and convalescence . Science Immunology 22 Dec 2020: Vol. 5, Issue 54, eabf8891 doi:10.1126/sciimmunol.abf8891
Ils ne constituent PAS une priorité vaccinale à ce jour , tout comme les Symptômatiques : HAS Décision n° 2020.0308/AC/SEESP du 17 décembre 2020 (P6-7)
Supposer l’infériorité de l’immunité naturelle sur l’immunité vaccinale est prématuré et relêve actuellement d’analogie ou extrapolations conduisant à des conclusions divergeantes (Ex °« Rougeole vs HPV ») non applicables aux plateformes vaccinales Covid en cours ou à fortiori à venir : Burton, D.R et coll . Toward superhuman SARS-CoV-2 immunity?. Nat Med (2020) Nov30 doi.org/10.1038/s41591-020-01180-x
Ainsi la discussion sur le « PASSEPORT sanitaire » quelqu’en soit la forme , le support est encore plus prématurée
*Muge Cevik, Matthew Tate, Ollie Lloyd et coll. SARS-CoV-2, SARS-CoV, and MERS-CoV viral load dynamics, duration of viral shedding, and infectiousness : a systematic review and meta-analysis . Lancet Microbe Nov19, 2020 DOI:https://doi.org/10.1016/S2666-5247(20)30172-5 **Xu CLH, Raval M, Schnall JA et coll . Duration of Respiratory and Gastrointestinal Viral Shedding in Children With SARS-CoV-2: A Systematic Review and Synthesis of Data. Pediatr Infect Dis J. 2020 Jun8 Sep;39(9):e249-e256 doi: 10.1097/INF.0000000000002814 (JIM 07/10/2020)