
Les viols et meurtres de jeunes femmes en Inde et en Afrique du Sud rapportés récemment ont sensibilisé la communauté internationale sur l’horreur des violences sexuelles. Bien qu’il soit tentant de les voir comme des événements isolés, il est malheureusement certain qu’ils ne sont qu’une petite partie de la réalité quotidienne de la violence dirigée contre les femmes, qu’il s’agisse des viols, des abus sexuels, du harcèlement ou encore du trafic d’êtres humains.
Un premier pas essentiel pour tenter d’apporter des réponses contre les violences sexuelles perpétrées par des personnes autres que le partenaire sexuel habituel est de mieux appréhender la prévalence de ce phénomène dans la population générale de différentes régions du monde. Un volet de la Global Burden of Disease 2010 study a été précisément consacré à cet objectif.
Au total 7 231 études publiées entre le 1er janvier 1998 et le 31 décembre 2011 sur le thème des violences sexuelles faites sur des femmes de plus de 15 ans ont été identifiées dans les bases de données, parmi lesquelles 77 études concernant 56 pays ont été incluses.
D’après ces travaux, en 2010, 7,2 % (intervalle de confiance à 95 % [5,2 ; 9,1] des femmes de plus de 15 ans dans le monde avaient déjà vécu une expérience de violence sexuelle de la part d’une personne autre que leur partenaire.
On constate des variations considérables de prévalence selon les pays, avec des valeurs à 3,3 % en Asie du Sud, à 21 % en Afrique sub-saharienne. C’est un phénomène répandu, voire endémique évalué à plus de 15 % dans 4 régions du globe. Les pays avec les plus faibles taux rapportés sont l’Asie du Sud, du Sud est, l’Afrique du Nord et le Moyen Orient. Mais l’on ne peut ignorer le fait que les violences sexuelles sont amplement stigmatisées dans nombre de pays et que la peur d’être jugée et rejetée incite les victimes au silence.
Ainsi cette étude a-t-elle de nombreuses limites en particulier par manque de données de bonne qualité disponibles et les violences sexuelles en couple sont surreprésentées dans les publications.
Des recommandations sur l’utilisation d’indicateurs standard pour évaluer les situations de violences sexuelles hors couple ont été faites mais n’ont guère été largement utilisées.
Les violences sexuelles faites aux femmes sont courantes dans le monde, avec des niveaux « endémiques » dans certaines régions, bien que les importantes variations doivent être interprétées avec prudence du fait des différences de données disponibles et des niveaux de révélation. Les violences sexuelles hors couple, entraînent à court ou moyen terme, comme pour les agressions dans le couple, des troubles psychiatriques tels que dépression, anxiété, et abus d’alcool. Cela représente un problème urgent en termes de santé et de droits de l’homme.
Dr Fabienne Bozon