Londres, le samedi 30 avril 2016 – Cela ne se passe pas dans un pays où le pouvoir politique exerce sa censure sur tout discours dont il n’est pas l’auteur. Cela ne se passe pas dans un pays où les libertés sont fragiles. Cela se passe dans un pays fondateur de la liberté d’expression et qui abrite dans un jardin de sa capitale un lieu où chacun peut venir évoquer à sa guise ses récriminations*. Pourtant, le gouvernement a pendant plusieurs semaines été tenté d’imposer un bâillon à ses chercheurs. Une nouvelle règle devait empêcher les scientifiques britanniques recevant un financement des pouvoirs publics de pouvoir commenter les futures lois et réglementations. Plus possible d’exprimer son désaccord vis-à-vis d’un arrêté autorisant de nouveaux OGM ou de s’interroger sur la pertinence d’une nouvelle norme sanitaire ou écologique dès lors que l’on verra ses travaux financés par l’argent de l’Etat. La mesure avait soulevé une véritable bronca dans le monde académique britannique, qui ne pouvait que dénoncer cette tentative de musèlement et qui s’étonnait que le gouvernement veuille se priver de l’éclairage des scientifiques. Le gouvernement promit alors que des dérogations seraient mises en place. Mais les semaines défilaient et la date d’application du 1er mai se profilait sans que les discussions n’aboutissent. Enfin, quelques jours à peine avant que le texte n’entre en vigueur, le ministère de la Recherche a promis que cette règle ne s’appliquerait pas et que les chercheurs britanniques pourraient conserver leur entière liberté de parole. Si cette nouvelle a été accueillie avec un grand soulagement, les scientifiques demeurent prudents dans l’attente de détails. Surtout, les relations déjà souvent tendues entre le pouvoir britannique et le monde de la recherche, ont profondément pâti de ces nouvelles tensions.
* Le Speaker's corner à Hyde Park (notre photo)
M.P.