Aux USA, comme certainement ailleurs, les femmes sont encore sous-représentées, tant au niveau des publications universitaires que des sociétés savantes et des apparitions dans les congrès. Malgré les directives établies dès 2003 par l’institut national de santé (NIH) et les efforts pour améliorer la visibilité des femmes (et des minorités ethniques), le décalage persiste et des auteures ont, pour le souligner, examiné la participation des chirurgiennes lors de congrès récents couvrant tant la chirurgie générale que ses diverses spécialités, celui de l’ASC (Academic Surgical Congress) et celui du CC (American College of Surgeons Clinical Congress) au cours des 6 dernières années (2014-2019 pour ASC et 2013-2018 pour CC).
La description des membres des tables rondes, des modérateurs, et des membres des comités directeurs a été tirée des programmes des réunions. Une recherche sur internet a permis d’identifier le sexe des conférenciers quand le prénom n’y suffisait pas (restent 3cas douteux pour le CC). On a pris soin d’éviter les doublons (le même individu pouvant être par ex. alternativement être membre de la table ronde et modérateur, ou une même personne prenant plusieurs fois la parole).
Des tables rondes uniquement féminines…dans 1,4 % des cas
Entre 2014 et 2019, à l’ASC, sur 329 intervenants, il y a eu 116 femmes (35 %) ; en dehors d’un creux de 23 % en 2016 et d’un pic de 42 % en 2018, cette proportion s’est maintenue assez stable au fil des années. La proportion des tables rondes purement masculines a davantage varié, de 0 % en 2012, à 55 % en 2016. Sur les 6 ans, il n’y a eu que 2 tables rondes purement féminines. Quant aux modérateurs, sur les 1 004 ayant exercé leur office, 305 (30 %) étaient des modératrices. La tendance a été de leur proposer plus de fonctions au cours des ans, avec un taux passant de 31 % en 2014 à 43 % en 2019. Il en est de même pour les femmes au comité de programmation du congrès, dont le taux a grimpé de 22 à 39 % de 2014 à 2019.
Au CC, la proportion du taux des femmes membres de table ronde a
été de 28% (952 sur 3 363), avec une tendance nette à s’affirmer
(de 23 % en 2013 à 34 % en 2018). Quant aux tables rondes
uniquement composées d’hommes, leur taux a régressé de 38 % en 2013
à 22 % en 2018), dix des 693 tables rondes étant exclusivement
féminines (1,4 %). Quant aux taux des modératrices, il est
resté assez stable, avec cependant une discrète progression de 29 à
37 % en 6 ans. Enfin, le taux des femmes dans les comités de
programmation a varié entre 20 et 38 %.
Malgré une tendance à l’amélioration, la représentation féminine
dans les sociétés savantes chirurgicales est encore trop
faible.
Dr Jean-Fred Warlin
