L’utilisation de métamphétamine exposerait à un risque presque 4 fois plus élevé de cardiomyopathie chez le sujet jeune

La métamphétamine est un des psychostimulants les plus utilisés, notamment dans un pays comme les Etats-Unis. Ce dérivé de l’amphétamine est connu pour sa puissante action pharmacologique, mais aussi pour sa toxicité qui s’exprime notamment dans le domaine neurologique et psychiatrique,  par l’induction d’une addiction et de désordres mentaux variés. Plus de 5 % des Américains d’âge > 12 ans, auraient été ou seraient exposés à la métamphétamine, ce qui représenterait 12,3 millions d’individus. A Hawaï, la situation serait pire encore, puisque la prévalence de l’exposition à cette drogue serait de 11,9 %.

Des données éparses, provenant de l’expérimentation animale, d’autopsies ou encore de cas rapportés dans la littérature internationale suggèrent en outre que la métamphétamine aurait une toxicité myocardique qui s’exprimerait à la fois sur le plan structural et fonctionnel.
Une étude de type cas-témoins a inclus 107 cas de cardiomyopathie ou d’insuffisance cardiaque survenus chez des sujets âgés de moins de 45 ans. L’autre groupe a été constitué de 114 témoins, chez lesquels l’échocardiographie a révélé une fraction d’éjection du ventricule gauche normale (≥ 55 %) et une contraction segmentaire tout aussi normale.

Les deux groupes composés de malades hospitalisés pour des motifs divers se sont avérés comparables quant aux facteurs suivants : sexe, longueur de l’hospitalisation, prévalence de la maladie coronaire, du diabète, de l’hypertension, du tabagisme, de la consommation d’alcool, de marijuana ou encore de cocaïne.

Les deux groupes ont différé sur les points suivants : 1) âge supérieur dans le groupe des cas (38 versus 35 ans, p=0,008). 2) index de masse corporelle (IMC) également supérieur dans le même groupe (37 versus 30 kg/m2, p<0,001) ; 3) prévalence plus élevée de l’insuffisance rénale chronique, toujours dans le même groupe (13 % versus 4,4 % ; p=0,03). En outre, chez les sujets exposés à la métamphétamine, le risque relatif de cardiomyopathie, en fait l’odds ratio (OR), est apparu 3,7 fois plus élevé que chez les témoins, après ajustement en fonction de l’âge, de l’IMC et de l’insuffisance rénale.

Cette étude cas-témoins, en tant que telle, ne permet aucune certitude. Elle plaide en faveur de d’une association entre l’exposition à la métamphétamine et un risque élevé de cardiomyopathie chez le sujet jeune. D’autres approches épidémiologiques sont nécessaires pour étayer ce qui reste, à l’heure actuelle, une hypothèse.

Dr Philippe Tellier

Référence
Khung-Keong Yeo et coll. : “The association of metamphetamin use and cardiomyopathy in young patients.” Am J Med 2007; 120: 165-171.

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Vos réactions (1)

  • "L’utilisation de métamphétamine exposerait à un risque presque 4 fois plus élevé de cardiomyopathie chez le sujet jeune"

    Le 13 avril 2007

    Je pense que le même type d'hypothèse peut être élargie à l'utilisation "abusive" d'ecstasy = méthylènedioxymétamphétamine

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