
Paris, le vendredi 10 juillet – Alors que les parlementaires
et les médias tentent de faire le bilan de la réponse publique à
l’épidémie de coronavirus, les agences régionales de santé sont
régulièrement accusées d’avoir failli à leur mission.
Les auditions se succèdent devant la mission d’information
parlementaire sur la Covid-19 destinée à faire le bilan de ce qui a
bien ou mal fonctionné dans la réponse de l’État à cette crise
sanitaire sans précédent. Ce mercredi, ce sont les représentants
des fédérations hospitalières qui ont répondu aux questions des
députés sur les semaines difficiles qu’ont connu les hôpitaux
français au cœur de l’épidémie en mars et avril. Et le moins que
l’on puisse dire, c’est que les personnalités interrogées
n’ont pas été tendres avec les agences régionales de santé
(ARS).
Manque de coordination entre les ARS et les hôpitaux
« Ce n’est pas une diatribe anti ARS » a rapidement
précisé Frédéric Valletoux, président de la fédération hospitalière
de France (FHF). Cela y ressemblait bien pourtant, tant lui et ses
collègues ont multiplié les critiques contre ces établissements
publics chargés de coordonner la politique de santé publique de
chaque région, symbole d’un « système qui tend vers une
bureaucratisation poussée à l’extrême » selon les termes de M.
Valletoux.
Lors des auditions de ce mercredi, c’est avant tout le manque
de coordination entre les ARS, trop éloignés des territoires, et
les hôpitaux et les acteurs de terrain qui a été mis en avant. Un
problème qui a « sauté aux yeux de tous lors de cette crise
» a souligné M. Valletoux. Le maire de Fontainebleau a notamment
raconté qu’il n’a jamais pu avoir l’ARS d’Ile de France au
téléphone une seule fois durant toute la crise, alors qu’il était
en contact permanent avec l’hôpital de la ville.
Interrogée à son tour, le Dr Jean-Marie Woehl, président de la
commission médicale d’établissements (CME) des hôpitaux de Colmar,
a abondé dans le même sens. Expliquant avoir eu « beaucoup de
problèmes avec les ARS » en termes de coordination, il a
notamment pris l’exemple des transferts de patients, « un vrai
problème quand l’ARS s’en est mêlée ». Les établissements
publics n’auraient notamment pas été prévenus suffisamment à
l’avance avant les transferts qui demandaient pourtant une
préparation importante de la part des équipes
hospitalières.
Un parti pris pour le secteur public
Le coup de grâce est venu du docteur Lamine Gharbi, président
de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP). Selon un
discours déjà bien rodé, il a dénoncé le parti pris des ARS pour
l’hôpital public. Il a ainsi rappelé l’épisode déjà bien connu des
lits de réanimation restées vides en début d’épidémie dans les
cliniques privées du Grand-Est, faute d’une coordination efficace
entre secteur privé et public. Pour le docteur Gharbi, les ARS
doivent abandonner cette vision tout public et devenir des «
arbitres entre secteur privé et secteur public ».
L’inertie et l’impréparation des ARS avaient déjà été pointées
du doigt dans le très médiatisé rapport de la fédération nationale
des sapeurs-pompiers (FNSPF), rendue public ce
dimanche.
QH