
L’hésitation vaccinale est un sujet de préoccupation pour
l’Organisation Mondiale de la Santé. Les réseaux sociaux sont
devenus des vecteurs importants facilitant la diffusion et la
multiplication d’informations, vraies ou fausses. Les théories ou
croyances individuelles peuvent s’y développer à toute vitesse et
prendre une ampleur internationale. Le domaine des vaccins n’y
échappe pas.
La vaccination maternelle contre la grippe et la coqueluche
est désormais recommandée dans de nombreux pays. Lors d’une étude
récente réalisée au Royaume-Uni, 12 % des participantes affirmaient
être influencées par les réseaux sociaux pour décider si elles se
feraient vacciner ou non. Pour la seule vaccination contre la
coqueluche, les données sont encore plus remarquables, avec 58 %
des femmes se disant moins décidées à se faire vacciner depuis la
lecture d’informations alarmantes sur des médias
sociaux.
Un groupement de conversation contamine le ton général
Quatre grands groupes (« clusters ») de conversation émergent au cours des 6 mois d’observation. Le premier, en novembre 2018, incite les femmes enceintes à se faire vacciner contre la grippe et diphtérie-tétanos-coqueluche acellulaire (Tdap). Il est issu de sites en lien avec la santé publique au Royaume-Uni, Etats-Unis et Australie. Deux autres groupes sont aussi constitués par des messages à tendance neutre ou incitative, sur la couverture vaccinale des femmes enceintes. Mais un 4ème cluster de conversation apparaît en février 2019, et le ton change. Dédié à la vaccination contre la grippe, il est constitué de messages évoquant de « sérieux » doutes sur la sécurité du vaccin et son lien possible avec l’autisme et la mort fœtale. L’émergence de cette conversation « contamine » alors le ton des autres fils, qui adoptent à partir de ce moment-là un ton beaucoup plus négatif, passant de l’encouragement à la vaccination à des doutes sur les bénéfices de celle-ci.Des ambiances variables selon les pays
Le ton des conversations varie selon les pays, avec plus de
posts défavorables à la vaccination en France, en Italie et
aux Etats-Unis, alors que les messages venant d’Australie, du
Canada, de l’Inde, d’Afrique du sud, de Corée du sud, d’Espagne et
de Taïwan adoptent un ton plus favorable. Les messages en
provenance du Brésil, du Mexique ou d’Allemagne sont neutres. Des
messages ambigus sont nombreux venant du Canada, de France,
d’Italie.
Concernant les sujets des messages, un nombre important
d’entre eux mettent en cause la sécurité des vaccins, évoquant
notamment des liens avec un certain nombre de maladies (syndrome
Zika congénital, syndrome de Mœbius, déficit neurologique en
rapport avec le mercure, ou encore l’autisme). L’inclusion des
femmes enceintes dans des essais cliniques est aussi l’objet de
nombreuses discussions ainsi que la méfiance affichée vis-à-vis de
l’intégrité des membres des instances de régulation.
Dr Roseline Péluchon