Y-a-t-il une « affaire Valneva » ?

Paris, le jeudi 4 février 2021 - Non, les chercheurs français n’ont pas échoué dans la recherche d’un vaccin contre la Covid-19. Oui, des Français sont bien parvenus à produire en un temps record le précieux produit dans cette course mondiale contre le virus.

Un vaccin français, certes. Mais pas pour la France.

Existe-t-il une « affaire Valneva » ? Celle d’un rendez-vous manqué entre la France et la recherche pharmaceutique. Au cœur d’un pays qui souhaite devenir une véritable start-up nation, l’entreprise de biotech Valneva serait passée complètement sous les radars du gouvernement français, laissant les britanniques conclure un partenariat en vue de la livraison d’un maximum de 190 millions de doses du vaccin, qui repose sur la technique classique du vaccin inactivé, conçu par l’entreprise d’origine nantaise.

Un vaccin à virus inactivé

La firme franco-autrichienne a affirmé avoir lancé dès à présent la production de son potentiel futur vaccin, en vue d’optimiser son calendrier de livraison.

La perspective d’un vaccin « traditionnel » est susceptible de rassurer une certaine partie de la population. Récemment, le député Jean-Luc Mélenchon n’avait pas caché sa préférence pour ce type de dispositif, par rapport aux vaccins à ARNm jugés expérimentaux.

Une position partagée par le directeur général de Valneva, Franck Grimaud, sur l’antenne de BFMTV : « au moment où il va falloir développer une immunité collective avec un taux de vaccination très important, les médecins et les pays qui devront recommander la vaccination seront probablement très contents d'avoir un vaccin classique dans leur portefeuille. »

Sous les radars ?

La priorité accordée au gouvernement britannique suscite la colère de plusieurs élus envers le gouvernement français, notamment dans le contexte de tensions autour des livraisons d’AstraZeneca.

Pour la présidente de la région Pays-de-la-Loire, Christelle Morançais (où se situe le siège de la firme) « c’est un terrible sentiment de gâchis et d’incompréhension qui domine face à cet échec français et européen ».

Selon Franck Grimaud, l’entreprise aurait sollicité dès le mois d’avril les gouvernements français et européens pour obtenir des financements. Parmi eux, seul le futur sortant britannique aurait répondu à l’appel. « Il nous fallait absolument ce financement dès juillet pour commencer les essais cliniques avant la fin de l'année et monter cette usine ». La somme proposée par les britanniques a permis la conclusion d’un accord extrêmement rapide.

Toutefois, le gouvernement français rejette toute accusation de négligence.Dans une série de tweet, la Ministre déléguée chargée de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a tout d’abord rappelé « qu’il est faux de dire que les Français n’auront pas accès au vaccin développé par Valneva ».Pour la Ministre, des discussions auraient bien eu lieu avec les autorités : « nous avons eu des discussions nourries avec le laboratoire dès le 6 mai 2020 mais Valneva a pris la décision d’avancer au Royaume-Uni où ils disposaient par ailleurs de leur unité de production. »

De son côté, la Commission européenne, chargée de mutualiser sur le vieux continent l’achat des vaccins, a affirmé avoir conclu des pourparlers en vue de l’achat de 60 millions de doses.

Prudence avant toute interprétation ?

Il est vrai que la séquence intervient à un moment où les échecs de Sanofi et de l’Institut Pasteur sont de nature à faire douter la France sur l’efficacité de sa recherche médicale, considérée jusqu’alors comme l’un des fleurons de notre industrie.

Et pourtant, notre savoir-faire (y compris en matière de négociation) semble être reconnu à travers le monde : Moderna et AstraZeneca sont dirigés par deux Français.

Toutefois, on doit se prémunir d’établir des conclusions hâtives entre les différents épisodes. Comme le rappelle la Ministre déléguée à l’industrie, ni les autorités françaises, ni les autorités britanniques ne disposent actuellement d’études sur l’efficacité d’un vaccin qui reste actuellement dans les premières phases d’essais cliniques.

C.H.

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Vos réactions (1)

  • Caution Mélenchon

    Le 05 février 2021

    Citer Mélenchon dans un article médical équivaut à servir une merguez dans un cassoulet. Et l'écouter dire qu'il est plutôt favorable au vaccins russe et chinois c'est écouter la messe en latin. Cet excellent orateur ne manque pas d'avis (que personne ne lui réclame) mais plutôt de proportions.

    Dr Pierre Castaing

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