Vaccins Covid : des incertitudes mais des évolutions positives

Paris, le lundi 1er février 2021 – Pour que la stratégie excluant (en tout cas dans l’immédiat) un nouveau confinement puisse être tenable, il est impératif que la campagne de vaccination connaisse une accélération significative. C’est en substance le message qu’a martelé vendredi soir le Président de la République, Emmanuel Macron, lors du conseil exceptionnel de défense. En la matière, même si la France a finalement tenu son objectif d’un million de personnes ayant reçu une première dose de vaccin fin janvier, les comparaisons restent cruelles. Comme le constatait le journaliste indépendant Vincent Glad sur Twitter, au cours de la seule journée de samedi la Grande-Bretagne a vacciné plus de personnes (598 000) que la France projette d’en vacciner au cours de la semaine à venir. Le principal frein dans notre pays est la limitation du nombre de doses.

Vers une vaccination des moins de 65 ans avec le vaccin AstraZeneca

Sur ce sujet, les relations entre l’Union européenne et les laboratoires AstraZeneca se sont légèrement détendues ce week-end, quand l’industriel a déclaré qu’il fournirait finalement neuf millions de doses en plus que ce qu’il avait annoncé quelques jours auparavant. Cependant, le nombre de doses promis par AstraZeneca pour l’Europe avant la fin mars, 40 millions, reste très en deçà des accords initiaux (80 millions). Néanmoins, la France peut espérer recevoir dans les deux mois qui viennent 5,9 millions de doses.

Reste à savoir comment ces vaccins seront employés. Alors que ce week-end, la commission vaccinale italienne a indiqué recommander le recours au vaccin AstraZeneca aux moins de 55 ans (quand l’Allemagne a fixé le seuil à 65 ans), notre Haute autorité de Santé (HAS) doit se prononcer demain. Selon les Echos, elle s’orienterait vers une préconisation excluant les moins de 65 ans. Si tel était le cas, vers quelles personnes prioritaires ces vaccins seraient réorientés, alors que le nombre de doses annoncé sera plus que largement suffisant pour la protection de tous les soignants de moins de 65 ans ? Même s’il est peu probable que la proposition du centriste Jean-Christophe Lagarde souhaitant que les étudiants puissent en être bénéficiaires soit entendue, il est certain que le gouvernement devrait utiliser le vaccin AstraZeneca et ses particularités pour réorienter la stratégie. Ainsi, grâce à ses modalités de conservation bien plus simples que les vaccins à ARNmessager, il devrait permettre l’entrée dans la course des cabinets médicaux et des officines.

Accélération de la livraison des vaccins Pfizer/BioNTech

La probable indication limitée du vaccin Astra et la restriction du nombre de doses sont en outre compensées par plusieurs autres nouvelles positives venues d’autres fronts. Ainsi, Pfizer/BioNTech a déclaré ce matin que 75 millions de doses supplémentaires seraient livrées au deuxième trimestre. Si aujourd’hui, la limitation des aiguilles spécifiques permettant d’extraire la sixième dose des flacons Pfizer/BioNTech conduit, selon les Echos, à un gâchis de 14 % des doses en France, l’accélération annoncée de la production est cependant très encourageante.

Des candidats prometteurs

Par ailleurs, les informations positives proviennent également des autres projets vaccinaux prometteurs. Ainsi, ce week-end, Johnson & Johnson a présenté les résultats positifs du candidat vaccin de Janssen. « Le candidat vaccin a montré une efficacité sur la prévention de la COVID-19 modérée à sévère de 72 % aux États-Unis et de 66 % sur l’ensemble des sujets (tous pays confondus), 28 jours après la vaccination. Le candidat vaccin a montré une efficacité de 85 % sur la prévention des formes sévères de la maladie et une protection complète démontrée contre les hospitalisations et les décès liés à la COVID-19, à partir du 28ème jour post vaccination », précise le communiqué. Ces résultats sont reçus avec d’autant plus d’enthousiasme que le vaccin Jonhson & Johnson (Ad26.COV2.S), qui repose sur l’utilisation d’un adénovirus, nécessite une seule injection. Selon les contrats passés entre l’Europe et la firme, si le vaccin reçoit bientôt l’aval des autorités réglementaires, la France pourrait recevoir 8 millions de doses de ce vaccin d’ici l’été. Un autre vaccin très attendu est celui de la firme de biotechnologie allemande Curevac : ce vaccin à ARNmessager, dont les résultats de phase 3 sont espérés à la fin de l’hiver, se caractérise par des conditions de conservation simplifiées par rapport à ceux de Pfizer/BioNTech et Moderna. En lice, également mais plus certainement pour la fin de l’année, les vaccins de Novavax, Valneva (en partenariat avec Sanofi, mais avec des moyens de production britannique) et Sanofi-GSK suscitent également une certaine impatience.

Un problème de licence, vraiment ?

La multiplicité de ces projets prometteurs (mais des déceptions doivent être envisagées) est insuffisante cependant à rassurer ceux que les récentes passes d’arme entre AstraZeneca et l’Union européenne ont échaudé. Aussi, dans le Journal du Dimanche, l’urgentiste Philippe Juvin et l’essayiste Pascal Jardin ont plaidé pour que « la France négocie directement avec les industriels le rachat de leur licence. Pfizer et Moderna peuvent être intéressés car dans un an, leur avantageuse situation de monopole aura disparu ». En réalité, le débat pourrait être en partie dépassé. « L’aspect juridique est un épiphénomène : en ces temps de pandémie mondiale, aucun laboratoire ne poursuivra un État ou une entreprise qui produirait son vaccin sans autorisation », estime dans les colonnes de Libération, Pierre Breesé, conseiller en propriété industrielle. D’ailleurs, les laboratoires Moderna ont effectivement confirmé en octobre qu’ils ne poursuivraient pas les entreprises qui produiraient son vaccin sans licence. Parallèlement des accords de production ont été signés par Pfizer/BioNtech avec Sanofi et plus récemment avec Novartis. Mais face à une fabrication complexe, les résultats de tels partenariats ne pourront pas être observés avant le début de l’été, en France, comme en Suisse.  

Aurélie Haroche

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