
Malgré des études récentes sur l’intérêt dans le traitement des bronchiolites des nébulisations de sérum salé hypertonique et d’adrénaline, l’oxygénothérapie demeure essentielle. Son administration par canule nasale à haut débit (CNHD) permet d’améliorer la détresse respiratoire des patients en soins intensifs et pour ceux en ventilation, de réduire le temps d’intubation. La CNHD permet d’administrer dans le nez le mélange air/oxygène, humidifié et réchauffé, sans obturer complètement les narines, avec des débits de 1 à 8 l/min chez le nourrisson, supérieurs à ceux des méthodes classiques. La possibilité d’utiliser cette technique en pédiatrie générale n’a pas encore fait l’objet d’études publiées.
Des pédiatres de Padoue ont testé de façon prospective, en essai ouvert, la CNHD pendant l’épidémie de bronchiolites de 2011-2012, chez 27 nourrissons d’âge médian 1,3 mois (de 0,8 à 8,5), atteints de bronchiolite modérée à sévère. Le score de sévérité était basé sur les paramètres habituels, comportement, alimentation, tirage, wheezing, rythme respiratoire, saturation, qui ont permis de définir 3 degrés de gravité : bénigne ≤ 5, modérée 6-10, sévère ≥ 10. L’état des patients sélectionnés nécessitait une oxygénothérapie jusqu’à 2 l/min par dispositif classique.
Cette technique de soin a été bien supportée, sans complication mécanique, pneumothorax ni transfert secondaire en soins intensifs. Après passage de l’oxygénothérapie standard à la CNHD, la saturation médiane en O2 (SaO2) a augmenté de 89 % à 97 % (P<0,001) de façon stable avec une FiO2 médiane de 40 % dans les 12 premières heures. Parallèlement, la médiane de la baisse du rythme respiratoire a chuté de 13-20/min à chaque mesure et le taux de CO2 en fin d’expiration, mesuré par capnomètre dans les fosses nasales, a décru dans les 3 premières heures de la CNHD (P<0,001) pour rester stable par la suite.
En conclusion, la canule nasale à haut débit par un appareillage approprié, est utilisable pour les nourrissons atteints de bronchiolite de modérée à sévère, hospitalisés en dehors d’une unité de soins intensifs. La technique améliore la saturation en oxygène et semble baisser le rythme respiratoire et la concentration en CO2 dans l’air expiré.
Pr Jean-Jacques Baudon