
Cette étude de phase 3 avait pour objectif d’évaluer l'efficacité et la sécurité d’un traitement sans interféron, comprenant une combinaison d'ABT-450 (un inhibiteur de la protéase NS3/4A) et de ritonavir (ABT-450/r), d’ombitasvir (également connu sous le nom ABT-267, un inhibiteur NS5A), de dasabuvir (également connu sous le nom ABT-333, un inhibiteur non nucléosidique de l’ARN polymérase NS5B), et de ribavirine pour le « retraitement » de patients ayant une hépatite virale C (VHC).
Les patients inclus, infectés par un VHC de génotype 1, sans cirrhose avaient en effet déjà été traités par une bithérapie classique peginterféron + ribavirine et soit avaient rechuté, soit n’avaient présenté qu’une réponse partielle ou nulle. Les malades non répondeurs à une triple thérapie avec un antiprotéase étaient exclus, de la même façon que ceux co-infectés par le VHB ou le VIH.
Les participants ont été randomisés, selon un rapport 3:1, pour recevoir l’association fixe ABT-450/r-ombitasvir (à une dose quotidienne de 150 mg d'ABT-450, 100 mg de ritonavir, et 25 mg d’ombitasvir), le dasabuvir (250 mg deux fois par jour ) et la ribavirine( 1000 ou 1200 mg par jour en fonction du poids du patient) ou des placebos de présentation similaire pendant les 12 semaines de la période en double aveugle.
Le critère de jugement principal était le taux de réponse virologique soutenue 12 semaines après la fin du traitement (RVS12).
L'analyse primaire d'efficacité a comparé ce taux de RVS12 parmi les patients du bras traitement actif avec un taux de réponse historique (65 %) obtenu chez des patients non cirrhotiques, précédemment traités pour une infection par un VHC de génotype 1 et qui avaient eu un retraitement avec une association télaprévir, peginterféron et ribavirine. Le plan d’analyse était une analyse de non infériorité suivie d’une étude de supériorité si la non infériorité était démontrée.
Au total, 394 patients ont reçu au moins une dose du traitement à l’étude.
Dans le bras traitement actif, 286 des 297 patients (96,3 % ; 94,2 % à 98,4 %) ont eu une réponse virologique soutenue à la 12ème semaine post-traitement. Ce taux était « non inférieur » et supérieur au taux historique de RVS12. La RVS était similaire pour les patients infectés par un génotype 1a (96 %) et 1b (96,7 %)
Les taux de RVS12 étaient de 95,3 % chez les patients avec une rechute antérieure (82 sur 86 patients), 100 % chez ceux ayant eu précédemment une réponse partielle (65 sur 65 patients), et 95,2 % chez les patients ayant eu précédemment une réponse nulle (139 sur 146 patients).
Un prurit a été rapporté plus fréquemment dans le groupe traitement actif (13,8 % des patients) que dans le groupe placebo (5,2 %, p = 0,03), de la même façon qu’une asthénie (33,3 % vs 22,7 %), des insomnies (14,1 % vs 7,2 %) et une toux (10,8 % vs 5,2 %).
Trois patients (1,0 %) dans le bras actif ont arrêté les médicaments en raison d'effets indésirables.
Des anémies de grade 2 (8,0 à < 10,0 g/dl) et de grade 3 (6,5 à < 8,0 g/dl) ont été observées chez 4,7 % et 0,3 % des patients du groupe traitement actif, respectivement.
Cette étude montre que les taux de réponse virologique à un traitement de 12 semaines sans interféron ont été de plus de 95 % chez des patients précédemment traités pour une infection à VHC de génotype 1, y compris ceux n’ayant pas répondu au traitement.
Elle ne permet pas de positionner cette association par rapport aux autres associations en cours de développement. Il reste de nombreuses populations à explorer : autres génotypes, patients cirrhotiques, patients co-infectés.
Pr Marc Bardou