
Les troubles cognitifs sont fréquents au cours de la sclérose en plaques (SEP), observés à tous les stades de la maladie avec un impact majeur sur la qualité de vie des malades. La mémoire est fréquemment affectée en lien avec des anomalies de la substance grise corticale (démyélinisation, perte neuronale et atrophie).
Le glutamate est le neurotransmetteur excitateur le plus
important du système nerveux central.
Dans ce travail britannique, les auteurs ont voulu vérifier deux
hypothèses :
1) les niveaux de glutamate sont anormalement élevés dans la
substance grise des malades atteints de SEP ;
2) il existe une association entre les niveaux de glutamate dans la
substance grise et la mémoire.
Dix-huit malades atteints de SEP et 17 contrôles sains volontaires appariés pour l'âge et le sexe ont été inclus dans cette étude. Tous ont été soumis à des tests de mémoire (Paired associated Learning test du CANTAB pour la mémoire visuospatiale, Adult Memory and Information Processing Battery pour la mémoire verbale et la Wechsler Adult intelligent scale –III pour la mémoire de travail) ainsi qu'à une IRM fonctionnelle cérébrale.
Pris ensemble, tous les malades avaient des résultats au test de
mémoire visuospatiale (t = 2,4 p < 0,05) et au test de mémoire
verbale (t = 3,3 p < 0,01) moins bons et retenaient moins de
mots après distractions (t = 3,2, p < 0,01) ou après 30 mn (t =
2,2, p 0,01) que les contrôles.
Ils avaient également un niveau significativement plus bas de
glutamate dans les zones de substance grise que les contrôles
(trace de Pillai = 0,5, F = 5,684, p < 0,01). Les performances
mnésiques étaient significativement associées aux niveaux de
glutamate dans les régions de l’hippocampe, du thalamus et du
cortex cingulaire chez les patients. Par contre, cette association
n'existait pas chez les sujets sains.
Les auteurs concluent que la SEP affecte les taux de glutamate
dans la substance grise. De plus des troubles de mémoire sont liés
à des niveaux plus bas de glutamate dans les régions de
l'hippocampe, du cortex cingulaire et du thalamus chez ces malades.
Il s'agit de la première étude mettant en évidence un lien entre
anomalies du glutamate et mémoire chez les sujets atteints de SEP.
Cette découverte si elle se confirme ouvre la voie à des nouvelles
approches thérapeutiques modulant spécifiquement ce
neurotransmetteur.
Dr Juliette Lasoudris Laloux