
Avec une incidence de près de 10 % de celle de tous les cancers, le cancer du côlon est, dans le monde, le troisième en terme de fréquence chez l’homme et le second chez la femme. Sa répartition connaît de grandes variations géographiques et plus de 55 % des cas surviennent dans les régions du monde les plus développées. Cela a laissé supposer que le risque de cancer colique était dépendant du mode de vie. A l’appui de cette hypothèse, plusieurs experts ont admis que l’activité physique et une alimentation riche en fibres, poissons, noix, produits laitiers, fruits et légumes étaient associés à une risque faible de cancer colique, alors qu’un excès de poids, le tabac, l’alcool et la consommation de viandes rouges ou transformées étaient en lien avec une augmentation du risque. Le rôle individuel de ces différents facteurs de risque est assez bien connu.
Ce qui l’est moins en revanche ce sont les modifications que crée sur le risque l’association de plusieurs de ces éléments. Une équipe internationale a développé le concept d’un indice de mode de vie « healthy », à partir d’informations fournies par près de 250 000 personnes recrutées dans 10 pays européens entre 1992 et 2010. Cet indice était composé de 5 facteurs de risque potentiellement modifiables : un poids « normal », l’activité physique, l’absence de consommation de tabac, l’absence de consommation excessive d’alcool et une alimentation saine. A leur entrée dans l’étude, les participants complétaient des questionnaires exhaustifs sur leur mode de vie. Ils étaient ensuite suivis pendant 12 en moyenne.
Les résultats ne pourront qu’encourager à la prévention, puisqu’à chaque élément supplémentaire de mode de vie « sain » correspond une réduction du risque de cancer colique. Ainsi, en comparaison du sujet ayant 0 ou 1 comportement « sain », le risque de cancer colique est réduit de 13 % pour celui qui a 2 comportements « sains », de 21 % pour 3 comportements, de 34 % pour 4 comportements et de 37 % pour les 5. Ce constat est fait en tenant compte de l’âge, du sexe, du pays d’origine et du niveau d’éducation. Ce lien est significatif aussi pour le cancer rectal.
Pour appuyer l’intérêt de la prévention basée sur les facteurs de risque modifiables par les patients, les auteurs précisent que 16 % des nouveaux cas de cancers coliques (22 % chez les hommes et 11 % chez les femmes) peuvent être attribués au fait que les patients n’adhèrent à aucun des comportements inclus dans l’indice.
Dr Roseline Péluchon