San Francisco, le samedi 2 mai 2015 – L’utilisation du cannabis à des fins thérapeutiques est autorisée dans 22 états américains. Pour se procurer ce "traitement" les patients bénéficiant d’une ordonnance (voire d’une carte dans certaines localités) doivent solliciter des "buyers club", généralement des dispensaires médicaux, dûment habilités. Si certains de ces centres peuvent assurer des livraisons, il ne s’agit pas d’une généralité, tandis que la rapidité n’est pas toujours assurée. Surfant sur cette lacune, une société américaine, la start-up Eaze, qui s’est associée à plusieurs dispensaires, propose depuis quelques mois un service de livraison express de cannabis. Pour l’utiliser, il suffit de télécharger l’application proposée par Eaze, de sélectionner son produit de prédilection en fonction notamment des taux de THC et de cannabinoïde souhaités (vous êtes plutôt "Dr Who" ou "Purple Kush" ?) et d’attendre le livreur dans les dix minutes. A ce dernier, vous vous devrez de prouver l’existence d’une prescription médicale avant de le payer (en liquide). Actuellement disponible majoritairement en Californie dans la région de San Francisco, Eaze est promise à un marché d’une plus grande ampleur en raison du nombre croissant d’états autorisant la consommation de cannabis à des fins thérapeutiques. D’ailleurs, beaucoup sont convaincus de la rentabilité d’une telle entreprise qui vient de réaliser une levée de fonds de dix millions de dollars auprès de différents investisseurs.
Ne dites pas à mes parents que je suis un bienfaiteur de l’humanité, ils me croient trafiquant de drogue !
Dynamique et voulant croire en son succès, Eaze n’échappe cependant pas à une certaine suspicion. En souriant, le fondateur de la société, Keith Mc Carty admet : « Quand j’ai exposé à mes parents mon idée, ils m’ont accusé de faire l’apologie du trafic de drogue ». Mais le jeune chef d’entreprise veut rassurer sa famille sur ses intentions. « La marijuana médicale peut être utilisée pour traiter certaines pathologies. Il y a de vrais gens avec de vrais problèmes qui ont besoin de ce type de médecine et c’est très excitant et gratifiant de parler avec eux et de savoir que nous faisons quelques chose pour les aider ». Derrière ce beau savoir faire en terme de communication, Eaze ne se montre pas toujours sans ambiguïté par rapport aux discours sur la légalisation du cannabis à des fins récréatives. Outre qu’un des contributeurs de la société serait le rappeur Snoop Dogg dont on suppose qu’il use de la marijuana à des fins autres que médicales, Eaze a choisi le 20 avril pour lancer différentes promotions sur ces produits. Or le 20/4 est un chiffre symbolique pour les partisans d’une modification de la légalisation du cannabis aux Etats-Unis ; il ferait référence à l’heure idéale (4h20 de l’après-midi) pour s’enivrer de paradis artificiels. Une date que n’a pas laissée passer Eaze qui le 20 avril dernier lançait joyeusement « Bon 420 à tous » avant de vanter les mérites de son service…
Léa Crébat
