
L’approche de l’été offre chaque année l’opportunité de rappeler les mesures de prévention nécessaires contre le mélanome malin. L’augmentation de l’incidence de ceux-ci au cours des dernières décennies en a fait un enjeu sanitaire important partout dans le monde. L’exposition au soleil, le teint clair, la sensibilité de la peau au soleil, la présence de naevi dysplasiques, des antécédents familiaux de mélanome, des antécédents personnels de cancer et l’immunosuppression ont été identifiés comme les principaux facteurs de risque.
D’autres facteurs pourraient toutefois être passés inaperçus et l’utilisation de crèmes solaires fait partie de ceux parfois incriminés comme étant paradoxalement responsables d’une augmentation du risque de mélanome malin. Les études sur le sujet sont toutefois contradictoires mais des articles, largement accessibles par nos patients, ont circulé faisant état de soupçons vis à vis des crèmes solaires, certains allant jusqu’à la conclusion que le soleil était « moins dangereux que les crèmes solaires ».
Le sujet n’est donc pas anodin. L’application de crèmes solaires tient une part importante dans les conseils de prévention. C’est la raison pour laquelle une méta-analyse réalisée par une équipe chinoise est la bienvenue. Les auteurs ont analysé 21 études (2 études prospectives et 19 études cas-témoins) étudiant le lien entre l’utilisation de crèmes solaires et le risque de mélanome malin. Au total près de 24 mille participants étaient inclus, parmi lesquels ont été dénombrés 7 150 cas de mélanomes malins.
Il n’est pas retrouvé d’association significative entre l’application de crèmes solaires et le risque de mélanome malin (Risque relatif [RR] 1,145 ; intervalle de confiance à 95 % : 0,912 à 1,438), ni dans les études de cohorte ni dans les études cas-témoins.
S’il paraissait peu probable qu’actuellement les crèmes solaires puissent contenir des composants ayant des effets cancérigènes, d’autres facteurs pouvaient entrer en jeu dans le lien possible entre crèmes solaires et mélanome. L’un d’eux était le fait que les utilisateurs de crèmes solaires pourraient être ceux qui s’exposent le plus, soit par « addiction », soit parce qu’ils se sentent protégés.
Cette méta-analyse lève le doute et apporte une clarification bienvenue à l’approche de la belle saison.
Dr Roseline Péluchon