
Paris, le mardi 26 mai 2015 – Les premières données livrées par l’Institut national de veille sanitaire (InVS), semaine après semaine, pendant l’épidémie de grippe le suggéraient : la saison 2014-2015 semblait particulière en raison de sa gravité. La semaine dernière, un premier bilan présenté par l’InVS confirme ces premières observations. L’épidémie de grippe qui s’est récemment achevée n’a pas été marquée par une importance exceptionnelle en ce qui concerne la circulation du virus : 2,9 millions de personnes ont été touchées, soit une fréquence qui place la saison 2014-2015 au quatorzième rang des trente dernières épidémies. La gravité a, pour sa part, été bien plus importante. Le nombre d’hospitalisations est tout d’abord un premier indice évocateur : 11 % des personnes s’étant présentées aux urgences pour des syndromes grippaux ont été admises (contre 6 à 9 % lors des hivers précédents). Un taux qui grimpe très fortement chez les plus de 65 ans pour atteindre 47 % (contre 33 à 41 %). Les plus âgés sont d’une manière générale ceux qui ont été le plus fortement affectés représentant 47 % des personnes hospitalisés (alors qu’ils représentent 18 % de la population française). De même, le nombre de patients transférés en réanimation signe la gravité de l’épidémie : atteignant 1 558 (contre 818 par exemple en 2012-2013, année durant laquelle pourtant 3,5 millions de personnes avaient été touchées par la grippe).
A(H3N2)
A l’origine de ces "ravages" : le virus A(H3N2) retrouvé dans 55 % des échantillons prélevés. La "virulence" accrue de ce virus, déjà observée les années précédentes, s’est ajoutée à une mauvaise protection conférée par la vaccination, en raison d’une mutation des souches circulantes après l’élaboration du vaccin. Cette épidémie particulière est probablement en grande partie à l’origine d’un excès de mortalité de 18 300 décès, qui concerne à 90 % les plus de 65 ans. Sur le poids exact des différentes causes de mortalité, des informations plus précises devraient être disponibles dans les mois qui viennent.
La vaccination n’a pas si mal marché
Ces chiffres rappellent s’il en était besoin l’impact majeur de la grippe, notamment chez les plus âgés. Déjà, les appels à une intensification de la vaccination ont été lancés : le ministre de la Famille, Laurence Rossignol a ainsi annoncé sur RTL ce week-end, le lancement d’une importante campagne à la rentrée prochaine. Cette année en effet seule 47 % de la population ciblée a été vaccinée (contre 49 % l’année dernière). Cependant, en raison de l’efficacité moindre du vaccin cette anénes ces incitations pourraient être difficilement entendues. Néanmoins, de très nombreux arguments plaident en faveur de la vaccination, même en se basant sur les données concernant la saison 2014-2015. Ainsi, au sein des établissements de retraite hébergeant des personnes âgées, la couverture vaccinale a été de 83 %, une « valeur élevée » qui peut « expliquer que les proportions de malades, d’hospitalisés et de décès parmi les résidents soient comparables à celles observées les années précédentes » remarque l’InVS. On soulignera enfin que chez les professionnels de santé et les personnels travaillant au sein des EHPAD, les couvertures vaccinales restent faibles (autour de 20 %).
Aurélie Haroche