Corticoïdes dans les poussées de SEP : privilégier la voie orale

Depuis plusieurs décennies, le traitement des poussées de sclérose en plaques (SEP) récurrentes-rémittentes comporte l'administration de hautes doses de corticoïdes injectées par voie veineuse (IV) sur une courte période (faisant appel généralement à la méthylprednisolone).

Remplacer les injections IV par des corticoïdes per os à posologie équivalente serait bien sûr un plus en terme de faisabilité, de confort des patients et de coût.  Mais jusqu'à aujourd'hui on ne disposait pas de données suffisantes pour pouvoir affirmer avec certitude que la voie orale était aussi efficace et aussi bien tolérée que la voie veineuse.

C'est pourquoi un groupe multicentrique français a initié une vaste étude randomisée contre placebo, l'essai COPOUSEP (pour Corticothérapie Orale dans les POUssées de Sclérose en Plaques).

81 % des patients améliorés avec la voie orale

Cent quatre-vingt-dix-neuf patients ayant une SEP récurrente-rémittente et ayant souffert d'une rechute dans les 15 jours ont été inclus dans l'essai (la rechute était définie par une augmentation d'au moins un point dans l'un des scores Kurtzke FSS (Functional System Scale). Ces patients ont été randomisés en double aveugle entre 1 000 mg de méthylprednisolone IV une fois par jour durant 3 jours et la même dose per os. Le critère principal de jugement était le pourcentage de malades s'étant améliorés au 28e jour d'au moins un point sur le plus perturbé des scores Kurtzke FSS  sans avoir nécessité de retraitement par corticostéroïdes. Les délais écoulés depuis le début de la rechute étaient similaires dans les deux groupes (7 jours dans le groupe per os et 7,4 jours dans le groupe IV).

En per protocole, 81 % des patients du groupe per os et 80 % du groupe IV ont bénéficié de l'amélioration prédéfinie (pas de différence significative). Le taux d'effets secondaires était également similaire (mais élevé dans les deux groupes puisque 97 % des patients ont présenté au moins un effet secondaire) à l'exception des insomnies, plus fréquentes dans le groupe per os (77 % contre 64 %; p = 0,039).

Des économies et du confort en perspective

Cette étude à la méthodologie rigoureuse confirme donc l'équivalence en termes d'efficacité de 1g de méthylprednisolone per os et IV sur les rechutes de SEP et invite donc à substituer systématiquement dans cette indication la voie orale à la voie veineuse. Le fait que les insomnies aient été plus fréquentes avec la forme orale, sans doute pour des raisons de biodisponibilité, incite les auteurs à préconiser une prise matinale du corticoïde.

Dr Anastasia Roublev

Référence
Le Page E et coll.: Oral versus intravenous high-dose methylprednisolone for treatment of relapses in patients with multiple sclerosis (COPOUSEP): a randomised, controlled, double-blind, non-inferiority trial. Lancet 2015; publication avancée en ligne le 29 juin (doi : 10.1016/S0140-6736(15)61137-0)

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