
Il a été rapporté récemment au travers d’une méta-analyse que les sujets atteints de psoriasis cutané avaient un risque augmenté de 40 % de développer une maladie cardiovasculaire (MCV).
Qu’en est-il au cours du rhumatisme psoriasique (PsA) ?
Une équipe Canadienne a réalisé une étude prospective de cohorte avec pour objectifs d’estimer l’incidence des MCV chez les sujets atteints de PsA et d’identifier les facteurs de risque prédictifs chez ces malades.
Au total, 1 901 sujets atteints de PsA sans antécédents de MCV ont été enrôlés puis suivis tous les 6 à 12 mois de 1978 à 2013 dans le département de rhumatologie de l’université de Toronto. Les facteurs de risque cardiovasculaire traditionnels (FDRcvtrad), diabète gras, hypertension artérielle, hypertriglycéridémie, hypercholestérolémie, tabagisme, étaient évalués.
La cohorte totalisait 19 649 personnes-années de suivi avec une moyenne de 9,84 ± 8,61 années entre l’entrée dans le service et la dernière évaluation ou le premier événement cardiovasculaire.
Facteurs de risque classiques mais aussi activité de la maladie rhumatismale
Cent quatre événements cardiovasculaires sont survenus. Le risque de MCV augmentait avec l’âge.
En analyse univariée, les FDRcvtrad étaient prédictifs d’évènements cardiovasculaires. De plus, l’élévation de la vitesse de sédimentation (VS) chez les femmes, le nombre d’articulations douloureuses, le nombre de dactilytes, une hyperleucocytose, un score SF36 bas et l’utilisation de méthotrexate étaient des facteurs prédictifs d’évènements cardiovasculaires.
Après ajustement pour les FDRcvtrad, le nombre de dactilytes (p = 0,0002), le nombre d’articulations douloureuses (p = 0,01), un SF-36 bas (p = 0,01) et une VS élevée chez les femmes (p = 0,0008) restaient des facteurs de risques prédictifs indépendants.
En analyse multivariée, l’hypertension artérielle (risque relatif [RR] :1,81, intervalle de confiance à 95 % [IC] 1,11-2,92), le diabète (RR : 2,72, IC95 1,6-4,62), le nombre de dactilytes (RR : 1,2, IC95 1,08-1,34) étaient des facteurs de risque indépendants d’évènements cardiovasculaires.
La vitesse de sédimentation était un facteur prédictif uniquement chez les femmes (RR : 1,83, IC95 1,12-2,99).
Les auteurs concluent que le risque de MCV est important chez les malades atteints de PsA.
Le risque de développer une MCV chez ces sujets est en partie expliqué par les FDRcvtrad. Cependant, l’activité de la maladie et l’inflammation systémique sont également des facteurs de risque indépendants.
Dr Juliette Lasoudris Laloux